INITIATION
AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR
La
Justice Selon le Zohar
Prologue du Zohar
Rabbi Hezikyah commence son discours par un verset du Cantique
des Cantiques 2/2: "Comme une rose parmi les épines, telle
est mon amie parmi les jeunes filles"
– (1)
Que symbolise la rose?
Elle est l'image de la Communauté d'Israël (séfirah Malkhout ou Royaume, image
de la Présence divine ou Shékhinah).
Comme la rose
parmi les épines a des nuances rouge et blanc, ainsi la Communauté d'Israël parmi
les nations reçoit la visite de la Justice via la Rigueur un temps, et via la Miséricorde un autre
temps. Comme la rose a 13 pétales, la Communauté d'Israël est gratifiée de 13
mesures de miséricorde qui l'entourent de tout côté pour la protéger. C'est
pourquoi, la terminologie "Elohim" utilisée dans le 1er
verset de la Bible pour désigner le divin est séparée de la suivante par 13
mots. Cette 2ème mention du divin est séparée de la 3ème
par 5 mots, images des 5 fermes sépales qui entourent la rose, les 5 voies du
salut, les 5 portes d'accès au monde supérieur.
Sur le plan
ésotérique, les effluves partent de l'attribut divin Binah, le Discernement
pour alimenter l'attribut central "Tiferéet", représentant la Justice
qui ne peut être pratiquée sans discernement et qui doit être équilibrée, entre
la droite et la gauche et entre le Bas et le Haut. Les 5 sépales de la rose ont
leur image dans les attributs du cœur (Hessed/Gvoura ou Miséricorde/Rigueur) et
ceux des entrailles (Netsah/hod ou Victoire/Réverbération) qui entourent le 5ème
attribut, soit Tifeéret-la Beauté, le protégeant contre l'Autre Côté.
Le Psaume 116/13
y fait allusion: " Je lèverai la coupe du salut, et proclamerai le nom de
l’Eternel", coupe de la bénédiction
qui doit être levée avec les 5 doigts de la main droite, les sépales
mentionnées étant les images des doigts. Ainsi la rose est l'image de la coupe
de bénédiction.
Après la 3ème
mention d'Elohim, apparaît la lumière du début qui, aussitôt créée, est enclose
dans l'alliance qui a pénétré la rose et l'a faite fructifiée. Ceci explique le
sens d'"arbre portant le fruit qui contient sa semence" et
cette semence est préservée grâce à l'Alliance. (2)
(Zohar I/1a)
14ème précepte du Prologue
On n'est pas autorisé
à allumer une lumière à la fin du Shabat, avant qu'on ait prononcé la
"Havdala", en priant et en levant une coupe, pendant que le Shabat
continue à nous sanctifier. Au moment de la récitation de la bénédiction de la
Séparation (havdala) sur la coupe, toutes les armées célestes en charge des
jours profanes retournent chacune à sa place et sont prêtes au service. En fait,
pendant tout le shabat, la sainteté se répand sur l'univers et le profane ne
gouverne plus, jusqu'à la prononciation des mots de la havdala "Béni
soit le Seigneur qui sépare le saint du profane…". Alors la sainteté
se retire et les armées mentionnées s'éveillent et se mettent en place pour le
service. A l'allumage de la bougie, elles s'illuminent. C'est pourquoi, on
appelle cette lumière "lumière de feu", provenant du "feu flamboyant
", qui donne la force à ces armées pour gouverner la terre. On parle ici
de la bougie allumée avant la sanctification, en fin de prière.
Si on attend la
fin de la prière pour l'allumer, les "pécheurs" qui purgent leur
peine dans le feu de "Géhinam" (enfer) reconnaissent alors la Justice du SbS et
confirment pour l'orant les bénédictions récitées par la communauté, comme cela
est écrit dans Genèse 27/28: " Puisse-t-il
t'enrichir, le Seigneur, de la rosée des cieux et des sucs de la terre, d'une
abondance de moissons et de vendanges!"
& Deutéronome 28/3: " tu
seras béni dans la ville, et béni dans les champs"
(Zohar I/14b)
Genèse I/26: " Dieu dit: "Faisons l'homme à notre image, à notre ressemblance, et qu'il domine sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, sur le bétail; enfin sur toute la terre, et sur tous les êtres qui s'y meuvent"
Jacob a prédit l'oppression de la dernière captivité à la fin des jours et ainsi, Genèse 28/11: "Il arriva dans un endroit où il établit son gîte, parce que le soleil était couché. II prit une des pierres de l'endroit, en fit son chevet et passa la nuit dans ce lieu".
C'est-à-dire que la nuit de la captivité était arrivée.
Quant à lui, David se référant à la captivité, s'est dit
"fatigué, ayant faim et soif dans la désolation". Il a vu la
Shékhinah desséchée, flétrie et dépérissant et il eut un regret profond à son
égard. Quand il a vu Israël retournant dans la joie, il composa dix sortes de
chants et à la fin il s'exclama dans Psaume 102/1: " Prière
d’un malheureux qui se sent défaillir et répand sa plainte devant l’Eternel", prière qui parvient à D. avant les autres….
Pour ce pauvre homme la prière du shabat est une gentillesse. Quand un homme récite la A'mida en semaine, il doit se tenir debout comme un pauvre à la porte du Roi, en liaison avec la Shékhinah, portant les "tsitsit" et les phylactères. Quand il ouvre la bouche pour la prière du soir en semaine, un aigle vient la prendre sur ses ailes. Quand cet ange vient du côté de la grâce (H'éssed), il a pour nom Nouriel; quand il vient du côté de la Rigueur ou de la Force (Gébourah), il a pour nom Ouriel, feu flamboyant. Quant à la prière du matin, un lion descend la recevoir dans ses bras ailés. Et c'est Michaël. Quant à la prière de l'après midi (minh'a), un taureau descend la prendre avec ses bras et ses cornes, et c'est Gabriel.
Au shabat, D. lui-même descend avec les 3 patriarches pour accueillir sa fille. A ce moment, les êtres célestes portant le nom divin s'exclament "Levez la tête ô portes et soyez exaltées vous autres portes éternelles". Aussitôt les portes des 7 palais s'ouvrent. Le 1er palais est celui de l'amour. Le second celui de la peur, le 3ème celui de la miséricorde, le 4ème, la prophétie à travers le miroir clair, le 5ème, la prophétie à travers le miroir voilé, le 6ème est celui de la droiture , et le 7ème, celui de la justice.
(Zohar I/23b-24a)
Genèse I/14: " Dieu dit: "Que des corps lumineux apparaissent dans l'espace des cieux, pour distinguer entre le jour et la nuit; ils serviront de signes pour les saisons, pour les jours, pour les années"
Le mot "meorot" est écrit sans le "waw", donc défectueux et peut être lu "méérah" ou imprécation, malédiction. Rabbi Hézékiah explique que le ciel est alors le foyer de la rigueur de la justice. Rabbi Yossi dit que le défaut indique qu'il s'agit de la lune, la plus basse des lumières, cause du croup chez les enfants, cause aussi des revers de fortune (malchance), étant le plus petit des 2 luminaires, parfois obscurci, ne recevant aucune lumière.
(Zohar I/33b)
Genèse 2/16: " L’Éternel-Dieu donna un ordre à l’homme, en disant: "Tous les arbres du jardin, tu peux t’en nourrir"
Selon nos maîtres, le mot "donna un ordre" contient l'interdiction de l'idolâtrie, le mot "l'Eternel" contient l'interdiction du blasphème, le mot "D." contient celle de la perversion de la justice, "à l'homme" celle de meurtre, "en disant", celle de d'adultère et de l'inceste, " Tous les arbres du jardin ", celle de vol, "tu peux t'en nourrir", celle de manger de la chair d'un animal vivant…
(Zohar I/35b)
Genèse 6/6: " et l'Éternel regretta d'avoir créé l'homme sur la terre, et il s'affligea en lui-même"
Rabbi Yossi commente le verset Isaïe 5/18: " Malheur à ceux qui tirent le châtiment avec les câbles (shav-shin/aleph/waw) du mal, et le péché comme avec les traits d'une voiture" disant que ceux qui attirent l'iniquité sont ceux qui pèchent en permanence devant D. et dans leurs yeux le péché apparaît comme les fils d'une toile légère, toile d'araignée, semblant invisibles, même à D. Alors ils continuent à pécher jusqu'à ce que ces fils deviennent une grosse corde difficile à réduire. Alors quand vient le temps de la sentence, bien qu'il ait été provoqué en permanence, D. répugne à la destruction du pécheur. Il est indulgent, car tout homme est l'œuvre de ses mains et ainsi il lui accorde un délai. Mais quand vient le moment de l'exécution du jugement, D. est affligé, bien qu'il soit dit dans Psaume 96/6: " Majesté et splendeur forment son avant-garde, force et magnificence emplissent son sanctuaire"
Rabbi Yossi dit: on dit que D. est affligé en son cœur. Le siège de l'affliction est le cœur, avec le sens qu'on trouve dans I Samuel 2/35: "Et je m'instituerai un prêtre fidèle, qui se conduira selon mon cœur et dans mon esprit; et je lui édifierai une maison durable, qui fonctionnera devant mon oint constamment"
Rabbi Yitshaq dit: le mot "il se repentit" (wayinah'em) a ici le sens qu'on trouve dans Exode 32/14: "L'Éternel révoqua le malheur qu'il avait voulu infliger à son peuple"
Rabbi Yesha dit que le mot "wayinah'em" parlant de D., signifie "se repentir" comme cela avait été remarqué déjà. (et aussi changer d'avis, se rétracter).
D. pense que le pécheur est l'œuvre de ses mains et il en a pitié, quoiqu'affligé qu'il pèche devant lui. Rabbi Hézikiah dit que ce mot signifie "est consolé", c'est-à-dire que lorsque D. se résout à détruire le méchant, il se console de sa perte, comme si c'était un simple objet. Une fois la sentence décidée, la justice est accomplie avec l'extrême rigueur, le repentir n'ayant plus cours et le jugement ne pouvant plus être inversé.
(Zohar I/57a)
Genèse 10/1:
" Voici la descendance des fils de Noé,
Sem, Cham et Japhet, à qui des enfants naquirent après le Déluge"
Rabbi Yéhouda
commente le Psaume 112/5 :"Un homme bon et généreux (h'onéne ou malweh),
consent des prêts, et règle ses affaires (yékhalkel dévarav) avec équité
(bémishpath)"
Le "bon
homme" (tov ish) est le SbS puisqu'il est appelé "bon", aussi
bien qu'"homme", comme il est dit dans Ps 145/9: " L’Eternel est bon (tov adonay) pour tous, sa pitié s’étend
à toutes ses créatures" et comme dans
Exode 15/3: "L'Éternel est le maître des batailles; Éternel est son nom! " Ici
D. est au Centre de l'Arbre de vie ou Tifeéret, avec son aspect masculin.
Ainsi D. est généreux et prête à celui qui n'a rien pour lui
et qui ne vit que par Lui. Cette idée est développée dans l'expression "il ordonne ses affaires selon la justice",
indiquant qu'il soutient celui qui est dans le besoin, selon la justice comme
dans Psaume 89/15: " La
justice et le droit (tsedeq ou mishpath) sont la base de ton trône, l’amour et
la vérité marchent devant toi". Là D.
est dans son aspect immanent et féminin, la Shékhinah. Celle-ci, image de la
droiture, est alimentée par la Beauté de Tiferéret, image de la Justice.
Justice et droiture sont le Fondement du divin.
Selon une autre explication "l'homme bon" est le Juste (tsadiq) comme dans Isaïe 3/10: " Annoncez au juste qu'il sera heureux et jouira du fruit de ses œuvres"
Rabbi Yossi dit que cela concerne Noah puisqu'il est dit que c'était un "homme juste"
Rabbi Yitsh'aq dit qu'il s'agit du shabat, puisque le psaume loue le shabat dans
Psaume 92/2 :"Il est beau de rendre grâce à l’Eternel, de chanter en l’honneur de ton nom, ô Dieu suprême"
Rabbi Hiya dit: Tout est Un (Le Juste est en Yéssod, qui, avec Tifeéret représentent tous les deux l'aspect masculin du divin). C'est le Juste qui est à l'origine des engendrements dans le monde. Il est la Vie, résultant de l'union entre Tifeéret et Malkhout). Et qui sont ces engendrements? Ce sont les âmes des Justes, fruits de l'œuvre du Seigneur.
(Zohar I/59b-60a)
Genèse 6/14: "Fais-toi une arche de bois de gôfèr; tu distribueras cette arche en cellules, et tu l'enduiras, en dedans et en dehors, de poix"
Les Compagnons arrivèrent devant un champ et l'étranger reprit son discours: en ce qui concerne la destruction de Sodome et Gomorrhe, il est écrit dans Genèse 19/24: "L'Éternel (yod/hé/waw/hé) fit pleuvoir sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu; l'Éternel lui-même, du haut des cieux"
Alors que pour le récit du déluge, on utilise le nom d'Elohim seulement. Pourquoi cette différence ? On nous a enseigné que l'usage de la terminologie du tétragramme indique que D. préside la Cour de Justice et il n'est donc pas seul. Quand on emploie Elohim pour désigner D. c'est qu'Il juge seul.
D'un autre côté, la destruction de Sodome et Gomorrhe est limitée à ces localités et n'inclut pas le monde entier, c'est pourquoi le décret est soumis à tout le tribunal céleste. Le Déluge qui concerne la terre entière ne peut être jugé que par D. dans sa solitude et en secret. C'est ainsi qu'on peut comprendre le Psaume 29/10: "L’Eternel trônait lors du Déluge; ainsi l’Eternel trône en Roi pour l’éternité" & en analogie avec Lévitique 13/46: "Tant qu'il gardera cette plaie, il sera impur, parce qu'elle est impure; il demeurera Isolé, sa résidence sera hors du camp"
Noah et sa famille ont pu être sauvés car ils étaient cachés dans l'Arche, hors de Sa vue. Dans sa colère, lors de la catastrophe qui s'abattit sur le monde, D. les avait oubliés, Noah ne s'étant adressé à D. à aucun moment.
Genèse 12/10: "Or, il y eut une famine dans le pays. Abram descendit en Égypte pour y séjourner, la famine étant excessive dans le pays"
Pourquoi est-il parti en Egypte ? Parce qu'à cette époque l'Egypte était comparable au Jardin du Seigneur, comme il est dit "Comme le jardin du Seigneur, comme la terre d'Egypte". Car comme en Eden, un certain fleuve descend et coule à droite, comme dans Genèse 2/11: "Le nom du premier (fleuve) est Pichon; c’est celui qui coule tout autour du pays de Havila, où se trouve l’or"
Quand Abram connut l'Eternel et devint "parfait "dans sa foi, il chercha à connaître tous les niveaux de la Sagesse dans ce monde-ci, et comme l'Egypte vient de la droite, il y est allé (3). On comprend ici que la famine, qui chassa Abram de son pays, survient quand la Miséricorde cesse de tempérer la Justice.
(Zohar I/80a)
Genèse 18/17: " Or,
l'Éternel avait dit:"Tairai-je à Abraham ce que je veux faire ?"
(à propos de Sodome et Gomorrhe)
Rabbi Hiya commente le verset d'Amos 3/7 : " Ainsi le Seigneur Dieu n'accomplit rien qu'il n'ait révélé son dessein à ses serviteurs, les prophètes"
Heureux les hommes pieux dont le divin se délecte et qu'il emploie pour toutes les œuvres d'en Haut et celles qu'Il prévoit ici bas, ne leur cachant rien de ses intentions. D. associe les Justes à ses œuvres, afin que ceux-ci admonestent le peuple et l'appellent à se repentir, pour échapper au jugement et à la punition. Et afin qu'il n'y ait aucune excuse pour que le peuple se plaigne que D. lui inflige une punition sans justice.
Rabbi Eléazar dit: malheur à celui qui pèche sans frein, baignant dans l'ignorance des directives du divin, tout en sachant que le SbS agit dans la vérité et dans les voies de la justice ! D. ne réalise pas son dessein, avant d'avoir révélé ses intentions aux Justes, pour ne pas donner le prétexte au peuple de censurer ses actes ou de répandre des calomnies. Nombres 32/22: "et si, le pays une fois subjugué devant l'Éternel, alors seulement vous vous retirez, vous serez quittes envers Dieu et envers Israël, et cette contrée vous sera légitimement acquise devant le Seigneur"
Il est ainsi du devoir de ces Justes d'agir de manière à ne pas laisser la possibilité au peuple de se plaindre de D. et si un homme a péché, de le prévenir qu'il risque de voir la justice divine foncer sur lui. Comment s'en prémunir ? Par la repentance et les bonnes actions.
(Zohar 104b-105a)
Genèse 26/1: " II y eut une famine dans le pays, outre la première famine qui avait sévi du temps d'Abraham. Isaac alla chez Abimélekh, roi des Philistins, à Gherar"
Rabbi Yéhoudah commente le Psaume 11/5: " L’Eternel éprouve le juste, mais le méchant et le partisan de la violence, il les hait de toute son âme"
Que les actes de l'Eternel sont bons, tous basés sur la vérité et la justice, comme il est dit dans Deutéronome 32/4: "Lui, notre rocher, son œuvre est parfaite, toutes ses voies sont la justice même; Dieu de vérité (émounah), jamais inique (ein a'wel), constamment équitable (tsadiq) et droit (yashar)"
Parce qu'Il ne punit pas Adam, le 1er homme, avant de lui avoir donné les préceptes pour qu'il suive le droit chemin et qu'il évite l'impureté. Il le punit pour avoir transgressé l'ordre de son Maître d'une façon inconséquente. Mais là aussi D. lui montra de l'indulgence puisqu'il n'appliqua pas toute la punition: de ses mille ans de vie il lui a ôté seulement 70 ans, qu'il alloua au roi David, qui, lui, devait être mort-né. Si D. devait punir l'homme selon ce qu'il mérite, du fait de sa conduite pècheresse, le monde ne durerait pas. D. est patient avec les Justes et encore plus patient avec les méchants. Il est lent à agir contre ceux-ci, dans l'espoir qu'ils se repentent et changent de voie, pour mériter ce monde-ci et le monde à venir, selon Ezéchiel 18/23: "Est-ce que je souhaite la mort du méchant, dit le Seigneur Dieu, ne préféré-je pas qu'il revienne de sa conduite et qu'il vive?"
D. est patient avec les méchants dans l'espoir qu'une bonne semence puisse jaillir de leur descendance, pour le bien de l'humanité, à l'image de cette bénédiction pour le monde qu'est Abraham, qui est issu de Térah, un polythéiste.
D. est strict avec les Justes. Comme il sait qu'ils ne tourneront ni à droite ni à gauche, il les met à l'épreuve. Pas pour s'en satisfaire Lui-Même, mais pour les glorifier encore davantage. C'est la raison de l'épreuve d'Abraham dans Genèse 22/1: "Il arriva, après ces faits, que Dieu éprouva (nissah) Abraham. II lui dit: "Abraham!" II répondit: "Me voici" - "Nissah", c'est prouver ou hisser un drapeau.
Psaume 11/5: " L’Eternel éprouve le juste, mais le méchant et le partisan de la violence, il les hait de toute son âme" - Pourquoi D. éprouve-t-il tant les Justes ?
Rabbi Shiméon dit: parce que D. se délecte en eux, Il les fait souffrir, comme expliqué dans Isaïe 53/10: "Mais Dieu a résolu de le briser, de l'accabler de maladies, voulant que, s'il s'offrait lui-même comme sacrifice expiatoire, il vît une postérité destinée à vivre de longs jours, et que l'œuvre de l'Eternel prospérât dans sa main"
D. se délecte de l'âme du Juste, pas de son corps, car son âme appartient au monde supérieur, et non pas son corps.
(Zohar 139b-140a)
Genèse 28/10: " Jacob sortit de Beer Shéwaa' et se dirigea vers Haran."
Rabbi Abba commente le Psaume 106/3: "Heureux ceux qui respectent le droit (mishpath), pratiquent la charité (tsédaqah) en tout temps!"
Disant: heureux le peuple d'Israël à qui le SbS donna la Loi de vérité, afin qu'il puisse s'adonner à l'étude, jour et nuit. Car celui qui s'adonne à l'étude de la Torah parvient à une totale liberté, se libérant même de la mort qui n'a plus aucun pouvoir sur lui. Car cet homme aura ainsi planté l'Arbre de Vie en lui et quiconque se défait de cet Arbre, trouve l'ombre de l'Arbre de la Mort qui s'empare de lui. Proverbes 24/10: " Il faiblit au jour de la détresse (hitrafita béyom tsarah): c'est que ton courage a l'haleine courte (tsar kohékha)" - Ce qui signifie que celui qui s'éloigne de l'étude de la Torah, sa force (Koah'- khaf/h'éth, 28) faiblit le jour de l'adversité. Cette force qui suit la droite de l'homme tant qu'il suit les chemins de la Torah, cette force se réduit, paralysant l'homme qui s'en éloigne. En fait, ce sont les forces de l'Autre Côté, engendrées par la gauche, qui en prennent possession.
Selon une autre interprétation, "tsar=l'étroitesse" veut dire aussi "adversaire". Quand un homme suit les chemins de la Torah, il est le bien aimé dans les 2 mondes, il est le favori du SbS, comme il est dit dans 2 Samuel 12/24: "David réconforta sa femme Bethsabée. Il cohabita de nouveau avec elle, et elle enfanta un fils qu'elle nomma Salomon et qui fut l'aimé du Seigneur"
Mais quand un homme s'écarte des voies de la Torah, alors "tsar koah'oh", la force "koah'" devient son ennemi et le Mal s'empare de lui et il devient son accusateur….
Pour revenir au Psaume du début, il concerne ceux qui gardent la foi dans le Seigneur, car D. est justice, et l'homme sur ses gardes pour suivre la voie de D. et celle de la Justice, car D. est justice et sa voie également. Le Psaume dit qu'on doit faire la charité en permanence (tsédakah). Quand on fait la charité au pauvre, cela est fortement ressenti en bas comme en haut; en haut la charité monte vers la sphère de Jacob, la séfirah Tifeéret et provoque un flux de bénédictions vers le bas, vers la fontaine des fontaines
(Zohar 152b-153a)
Genèse 41/1: "Après un intervalle de deux années, Pharaon eut un songe, où il se voyait debout au bord du fleuve"
Rabbi Hiya commença à parler à propos du Proverbe 29/4: "Un Roi grandit son pays par la justice; avide de dons, il le ruine"
Il dit: quand D. créa le monde supérieur, c'était pour qu'il puisse irradier en toute direction et soutenir les êtres inférieurs. Le Roi signifie le SbS, la "justice" signifie Jacob (Tifeéret, siège de la Justice), socle du monde, puisque le soutien du monde est la "Justice" qui a établi la terre et qui la soutient en satisfaisant ses besoins. Une autre interprétation dit que si le Roi est le SbS, la "Justice" c'est Joseph qui fit fructifier la terre pour ceux qui avaient faim puisque "Toutes les nations descendirent en Egypte, vers Joseph, pour acheter du blé". Comme D a choisi Jacob pour Lui, il choisit Joseph pour gouverner la terre. Joseph se situe en Yéssod, Fondement de l'Arbre de Vie.
Rabbi Yossi dit: le Roi signifie Joseph, alors que les mots "avec justice il établit la terre" fait référence à Jacob, car avant que Jacob ne vienne en Egypte, l'existence du peuple était en jeu du fait de la famine. Mais dès que Jacob descendit en Egypte, la famine cessa du fait de ses mérites et le monde fut plus sûr.
Une autre interprétation, le Roi qui avec Justice établit la terre, c'était David car il est dit dans II Samuel 8/15: "David régna sur tout Israël, et il gouverna tout son peuple avec justice et équité (ou droiture)"
David soutint le monde qui fut préservé par ses mérites. "Avide de dons, il le ruine" concerne le roi Réhoboam.
Car D. en honneur aux Justes diffère la punition, même si elle a été déjà décrétée contre le monde. Ainsi durant toute la vie de David, la terre a été préservée, et même après sa mort, du fait de ses mérites, comme il est dit dans II Rois 20/6: "Je prolongerai ta vie de quinze ans, je te délivrerai ainsi que cette ville de la main du roi d'Assyrie, et j'étendrai ma protection sur cette ville, à cause de moi et à cause de mon serviteur David"
De même, durant la vie de Jacob et celle de Joseph, aucune punition ne fut exécutée. Et l'expression "Avide de dons il le ruine" concerne Pharaon. En durcissant son cœur devant D., il amena la ruine à son pays, alors que du temps de Joseph, cette terre fut préservée, en relation avec l'interprétation par Joseph des rêves de Pharaon.
(Zohar I/194a)
Exode ¼: "Sa sœur se tint à distance pour observer ce qui lui arriverait"
Quelle sœur ? La sœur du Roi, celui qui désigne la Communauté d'Israël par ce mot "sœur", comme dans Cantique des Cantiques 5/2: "…Ouvre-moi, ma sœur, ma compagne, ma colombe, mon amie accomplie; car ma tête est couverte de rosée, les boucles de mes cheveux sont humectées par les gouttelettes de la nuit"
"De loin" comme dans Jérémie 31/2: "Dès les temps reculés (mérah'oq), l'Eternel s'est montré à moi; oui disait-il je t'aime d'un amour impérissable, aussi t'ai-je attirée à moi avec bienveillance"
On sait que les Justes sont reconnus dans le monde supérieur avant que leur âme ne descende sur terre, et encore plus quand il s'agit de Moïse. Sur le plan ésotérique, on sait aussi que sur terre, toute âme a un père et une mère, ainsi que tout corps. En fait en Haut comme en Bas, tout dérive du Masculin et du Féminin, puisque Genèse 1/24: "Dieu dit: "Que la terre produise des êtres animés (néfesh h'ayah) selon leurs espèces: bétail, reptiles, bêtes sauvages de chaque sorte." Et cela s'accomplit"
"La terre" est le symbole de la "Communauté d'Israël", "une âme vivante (néfesh h'ayah)" est le symbole de l'âme du 1er homme, "l'homme primordial" (Adam Qadmon).
Rabbi Abba vint l'embrasser et lui dit "Tes bonnes paroles sont la vérité, béni soit Moïse, le fidèle berger, le plus fidèle de tous les prophètes. Mais il y a une autre interprétation. Cette "sœur" est le symbole de la sagesse comme dans Proverbes 7/4: "Dis à la sagesse: "Tu es ma sœur," et appelle la raison" Mon amie!"
Rabbi Ishaq dit: l'attribut de Justice n'a jamais quitté le monde, car à chaque fois qu'Israël pèche, la rude Justice était là pour l'accuser et alors l'expression "Sa sœur se tint à distance" se poursuit avec "Et la fille de Pharaon descendit se baigner dans le fleuve" qui a comme sens qu'aussitôt qu'Israël s'éloigne de l'étude de la Torah, l'attribut de Justice vient "se baigner" dans le sang d'Israël, du fait de ses négligences. "Et ses servantes marchèrent sur la rive le long du fleuve" ce sont les nations qui persécutent Israël pour les mêmes raisons.
Rabbi Yéhoudah dit: en fin de compte, le sort de l'homme dépend du repentir et de la prière, spécialement la prière avec des larmes, car aucune barrière ne résiste aux larmes.
(Zohar II/12a-b)
Exode 16/6 : "Moïse et Aaron dirent à tous les enfants d'Israël: "Ce soir, vous reconnaîtrez que c'est l'Éternel qui vous a fait sortir du pays d'Égypte"
… Rabbi Yossi dit: comment peuvent-ils savoir ? En fait il
est écrit que chaque jour les Jugements du SbS se manifestent. Le matin la
Miséricorde et la Grâce dominent, et le soir la Justice gouverne le monde.
C'est pour cette raison qu'Isaac a institué la prière du soir. C'est pour quoi
il est dit " Ce soir, vous
reconnaîtrez", lorsque la temps du
Jugement arrive sur le monde, vous reconnaîtrez que c'est par la force de ce Jugement
que D. vous a sorti d'Egypte. Alors que le matin, vous percevez la Gloire de
l'Eternel, car à ce moment la Miséricorde plane sur le monde et elle vous
apporte votre subsistance.
Rabbi Hiya n'est
pas d'accord: le vrai sens du texte est à l'opposé. C'est quand les enfants
d'Israêl ont dit dans Exode 16/3: "… "Que
ne sommes-nous morts de la main du Seigneur, dans le pays d'Égypte, assis près
des marmites de viande et nous rassasiant de pain, tandis que vous nous avez
amenés dans ce désert, pour faire mourir de faim tout ce peuple!"
qu'alors l'attribut de Justice se mit en branle, symbolisé par le soir.
Néanmoins la
Miséricorde était mise en œuvre en même temps, car il est dit " vous
reconnaîtrez que c'est l'Éternel qui vous a fait sortir du pays d'Égypte",
, grâce que D. a montré au peuple, au moment même où il jugeait l'Egypte,
et malgré les "murmures" du peuple.
Rabbi Yossi dit:
le SbS ne change pas son Jugement, et ce sont les méchants du monde qui inversent
la Miséricorde en Rigueur.
Rabbi Eléazar nous
a appris que dans le monde à venir, les Justes mangeront cette manne, une manne
de meilleure qualité, que personne ne connaît encore, car il est écrit dans Psaume 27/4: " Il est une chose que je demande au Seigneur, que je réclame
instamment, c’est de séjourner dans la maison de l’Eternel tous les jours de ma
vie, de contempler la splendeur de l’Eternel et de fréquenter son sanctuaire" (3)
Et dans Isaïe
64/4: " Tu es allé au devant de ceux qui se
font une joie de pratiquer la justice, attachés à ton souvenir en suivant tes
voies. Et puis, lorsque tu t'es irrité à cause de nos fautes, c'est grâce à eux
que notre salut fut toujours assuré"(4)
(Zohar II/63a)
Exode 26/15: "Tu feras ensuite les solives destinées au tabernacle: ce seront des ais de chittîm perpendiculaires"
Si D. se résout à faire certaines choses, n'y a-t-il pas d'obstacles devant Lui ? Comment se fait-il que le partage de la mer Rouge était si difficile pour Lui ? On peut expliquer cela ainsi: quand les enfants d'Israël étaient au bord de la mer et que D. était sur le point d'ouvrir les eaux, Rah'ab, l'Ange dévolu à l'Egypte, est apparu et demanda Justice au SbS, debout devant Lui disant: Seigneur ! Pourquoi désires-tu punir l'Egypte et ouvrir les eaux pour Israël ? N'a-t-il pas lui aussi pécher contre Toi ? Tes Voies sont celles de la Justice et de la Vérité. Ceux-là sont des idolâtres, mais ceux-ci également. Ceux-là sont des meurtriers et ceux-ci aussi.
Il était ainsi difficile au SbS de faire appel à la Justice.
Et si ce n'était le souvenir d'Abraham obéissant et prêt à sacrifier son fils,
qui lui était revenu à la mémoire, tous les Hébreux seraient morts dans la mer
Rouge, car toute cette nuit D. pesa le pour et le contre, mit Israël sur les
plateaux de la Justice, comme dans Exode 14/20: " Elle
passa ainsi entre le camp égyptien et celui des Israélites: pour les uns il y
eut nuée et ténèbres, pour les autres la nuit fut éclairée; et, de toute la
nuit, les uns n'approchèrent point des autres".
Et ce verset indique que les anges apparurent cette nuit chantant des hymnes de louange au SbS et celui-ci leur dit: l'œuvre de mes mains va se noyer dans les profondeurs de la mer et vous me chantez des airs de louange ?
Mais Exode 14/24: " Or, à la dernière veille (béashmoret haboqer), l'Éternel fit peser sur l'armée égyptienne une colonne de feu et une nuée et jeta la perturbation dans l'armée égyptienne" – En fait cela signifie qu'il se souvint d'Abraham et de ses mérites, Abraham qui s'était levé tôt le matin pour accomplir la volonté du SbS.
Les Hébreux traversèrent à pied sec et les eaux ensevelirent les Egyptiens, puis les anges fuirent devant Israël.
De même, on dit que les unions dans les mariages sont aussi difficiles pour le SbS que la division des eaux de la mer Rouge. Car ceux qui étaient d'un côté de la mer ont été noyés, alors que les autres furent sauvés. De la même manière, dans les mariages certains se lamentent et d'autres chantent; un homme meurt et sa femme épouse un autre, et parfois, un homme mauvais épouse une femme vaillante. Tout cela reste un grand mystère, mais selon un Jugement divin, car les mariages sont "arrangés" par celui qui siège devant (lifné, à la face de) Lui et qui gère à partir de Lui (milifné, de la face de). Les Compagnons ont déjà expliqué la différence entre ces 2 notions "lifné" et milifné"; il s'agit d'un ange préposé, un exécutant sous Son autorité qui "arrange" les mariages et qui "gère l'approvisionnement en nourriture". (6)
(Zohar II/170b)
Notes
(1) Il s'agirait de la "rosa gallica versicolor" ou "Rosa Mundi" rose zébrée qui pousse en Israël.
(2) La Lumière primordiale permet de voir l'Univers d'une extrémité à l'autre. Avec les générations du Déluge et de la Tour de Babel, la lumière initiale a dû être cachée (or ganouz) pour le préserver, pour les Justes dans le Monde à venir. La lumière est cachée dans l'Alliance dont l'image est l'attribut Yéssod ou Fondement. (ie phallus divin)
(3) Abraham quitte la Rigueur de la famine (à gauche de l'Arbre de Vie) pour aller vers la Miséricorde de l'abondance due au Nil, (à droite de l'Arbre de Vie), comparable à celle du Jardin du Paradis.
(4) La manne est donc cette perception de l'Eternel par ceux qui parviennent par l'étude et le questionnement (manne ?) à s'en rapprocher.
(5) Il s'agit des Justes qui assurent le salut par leur mérite
(6) Ceci est en rapport avec l'angélogie : il est difficile au Seigneur de "noyer" les Egyptiens ou d'"arranger" des mariages. Ces Jugements sont exécutés par certains anges, comme d'ailleurs les bonnes actions, comme le sauvetage des Hébreux ou les mariages bien assortis, qui sont exécutés par d'autres anges.