LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

LE SENS CACHÉ DES LETTRES HÉBRAÏQUES

L'ALPHABET HÉBREU EST STRUCTURÉ

"Selon trente-deux mystérieux sentiers de Sagesse, Yah, Seigneur des armées, Dieu-Vivant et Roi du Monde, El Shaday, miséricordieux et donnant grâce, supérieur et suprême, résidant éternel d'En-Haut, et son nom est sacré, a gravé et créé son monde par trois sépharim: par mispar, par sipour et par sépher, par dix séphirot bélimah et vingt deux lettres de fondement: trois mères, sept redoublées et douze simples".

C'est par ces mots, constituant son premier paragraphe, que débute le Livre de la Formation (sépher yétsirah), composante essentielle de la Qabalah. Ce texte court et apparemment mystérieux contient des notions essentielles 

DIVISION ONTOLOGIQUE

L'alphabet hébreu contient vingt-deux lettres auxquelles s'ajoutent les formes finales de cinq lettres, le khaf, le mém, le noun, le pé, le tsadé, soit vingt-sept signes. Ceux-ci peuvent être répartis en parts égales aussi bien sur le plan des valeurs en base décimale que sur le plan ontologique.

Neuf lettres, de aleph à thet, de valeur un à neuf sont les bases élémentaires de la construction de l'univers, le plan où elles se situent étant celui des archétypes, images universelles du microcosme. Les neuf lettres suivantes, de yod à tsadé, de valeur dix à quatre-vingt-dix sont les bases des réalisations terrestres, à l'échelle de l'homme. Les quatre dernières lettres, de qouf à taw et les cinq formes finales, de valeur cent à neuf cent représentent le macrocosme. Chacun de ces trois mondes est le reflet de l'autre et leur similitude est comme une image fractale.

Les premières lettres de chaque série de neuf lettres, aleph, yod, qouf suggèrent la création à partir de l'unité, leur valeur se ramenant à celle-ci: aleph est le chef qui instruit, yod est le bras qui agit et qouf est le passage difficile.

Les lettres suivantes représentent la dualité sur le plan ontologique: bet, la maison, khaf, la paume de la main, resh, le début ou la tête; puis vient le mouvement du ghimel qui va vers l'avant, lamed qui s'envole et shin qui s'enflamme et s'élève vers le haut, comme le feu; ensuite la matière se consolide avec dalet, la porte, mem, les eaux, taw, le signe puis vient le souffle de l'esprit ou de la vie avec le hé, fenêtre vers l'extérieur, noun, le contenant de la connaissance primordiale, khaf final, contenant du psychisme, puis c'est la conjonction ou la fermeture avec waw, le crochet, samekh, le support fermé, mém final, les eaux encore contenues, puis vient la semence et la lumière par le zayin, à la fois arme et décor ou fard, a'yin, source et oeil et le noun final est la lumière primordiale, la connaissance qui s'épanche vers le bas; elles sont suivies par des ouvertures à travers le h'eth, la porte du bas ou l'ouverture d'un rempart; le pé et le pé final, le verbe qui s'exprime et qui s'ouvre pour construire ou pour détruire, et enfin la perfection du dessein du Juste, à travers le mystérieux téth, le tsadé et le tsadé final.

LES LETTRES-MÈRES

Aleph, mém, shin sont les lettres mères en ce sens qu'elles sont l'image des trois plans perceptibles de l'espace et des trois éléments constitutifs de la matière, mem, l'eau, shin le feu et aleph, l'air, celui-ci maintenant l'équilibre entre les deux autres.

Aleph est un signe, image et valeur de l'unité, contenant implicitement la dualité. Aleph est l'unité indicible, l'unité cachée. Mém représente la matière et son image est un carré de valeur quarante, c'est à dire quatre fois dix. Shin est un trident de valeur trois cent, c'est-à-dire trois fois cent.

Les trois lettres mères couvrent les trois domaines cosmiques vus ci-dessus et la somme dix de leurs valeurs significatives: 10=1 + 2 + 3 + 4 ramène à l'unité.

La combinaison de ces trois lettres donne six mots qui sont autant de sceaux, dont trois ont une forte empreinte, aleph/mem/shin est la nuit, mém/shin/aleph est le fardeau, shin/aleph/mém est "car si" et les trois autres ont une faible empreinte: aleph/shin/mém est la faute légère, mém/ aleph/ shin est "du feu", shin/mém/aleph est "peut-être".

LES LETTRES REDOUBLÉES

Les lettres redoublées sont celles qu'on prononce d'une manière dure ou douce selon qu'elles contiennent un signe-point ou non. Les sept lettres redoublées sont bet-ghimel-dalet et khaf-pé-resh-taw. Certaines lettres ont perdu avec l'usage leur redoublement dans le langage moderne: ghimel, dalet, resh, taw.

Ces lettres se distinguent par la dualité de leur prononciation et cette dualité se manifeste dans les deux mots composés ci-dessus: b/g/d est à la fois la protection par l'habit et la trahison, kh/p/r/t est à la fois la couverture par un couvercle et le reniement.

Les sept lettres sont les six directions de l'espace ou les six faces d'un cube, plus le centre. Elles rythment le temps hebdomadaire et sont l'image de sept dualités de l'homme: vie-mort, paix-guerre, sagesse-sottise, richesse-pauvreté, culture-désert, grâce-rigueur, folie-servitude.

LES LETTRES SIMPLES

Les douze autres lettres restantes sont dites simples et n'ont de caractère spécifique que par leur nombre, le duodénaire qui suggère les douze arêtes d'un cube, donc l'espace et les douze mois de l'année qui rythment le temps, les phases solaire et lunaire, le zodiaque. Sur le plan humain, elles suggèrent les sens, les sentiments et les activités de l'homme.

 

Albert SOUED - Janvier 1989

Prochaine conférence: les lettres aleph et bet

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