LES SYMBOLES DANS LA BIBLE
LE SENS CACHÉ DES LETTRES HÉBRAÏQUES
HÉ
Hé venant du fond de l'être est un appel, un émerveillement.
Comme la lettre Aleph, Hé est à la fois une consonne et une voyelle muette. Elle est de plus un signe du féminin.
Le dessin d'origine ressemble à un E majuscule avec trois branches et deux ouvertures. Il a évolué vers une forme carrée avec deux ouvertures: une grande vers le bas et une petite lucarne vers le haut, une fenêtre vers l'extérieur, vestige de l'image d'une personne levant les bras vers le ciel pour implorer, ou pour prier.
D'après la Tradition, cette lettre proviendrait de la précédente, Dalet, qui aurait reçu un trait vertical à l'avant. Si le trait reçu est long, il est assimilé à la lettre Waw, et le signe Hé est alors appelé "d/w", dow. Si le trait est plus court, il est assimilé à la lettre Yod et le signe Hé est ici désigné par "d/y", dy. Or, "dow" signifie deux, la répétition de l'unité et "dy" signifie "cela suffit". Avec la cinquième lettre de l'alphabet, on se trouverait ainsi devant le problème existentiel, "deux, cela suffit": le deuxième jour de la création, les eaux se séparent pour que celle-ci ait lieu. Avec la dualité, le monde peut être créé, en évoluant vers la multiplicité. Il aurait pu ce jour là ne pas être créé et de la dualité revenir à l'unité. Le deuxième jour, le Créateur a eu comme un doute.
D'après la Tradition de la Qabalah, avec le Hé le monde est finalement créé, et il est le mariage des deux signes Hé, "dow" et "dy": "quand deux âmes se joignent ici-bas, cinq voix joyeuses sont entendues", la lettre Hé étant alors créée avec la valeur cinq.
Ainsi d'après l'exégèse biblique, le signe "Hé" est l'instrument de la création et de la vie: une lettre Hé de petites dimensions apparaît dans le mot "béhébaram", (Genèse chap 2 vers 4), mot qui veut dire que "Dieu créa les vivants avec le Hé". De même, après avoir scellé l'alliance qui le lie au divin par la chair, le patriarche Abram reçoit un signe Hé dans son nom. Il devient alors Abraham, le père des nations monothéistes. Dans le même verset de la Genèse, le nom tétragramme apparaît pour la première fois, avec les deux signes Hé, dow et dy. On est au début de la spiritualité consciente et active.
On verra plus tard que le point Yod primordial, génère le trait "waw" et le plan "dalet". On a vu ci-dessus que "dalet", la porte, était aussi la base des deux Hé.
A travers ses trois branches, le signe Hé contiendrait les trois pelures ou les trois aspects de l'âme: la pensée, la parole et l'action. Il contiendrait également les trois impressions que cette âme a du divin, en fonction du niveau de clarté obtenu, soit l'immanence, la transcendance ou la vanité de tout, eu égard au divin.
Le sens du signe Hé est aussi "cela", "voilà", une interpellation pour percevoir une clarté à travers la lucarne d'en haut qui s'entrouvre: regarder et observer la réverbération de la lumière. Hé est un souffle, une respiration.
La valeur de la lettre est cinq comme les niveaux de l'âme et les doigts de la main. Au cinquième jour de la Création, la vie animale commence à se développer.
Hé est alors aussi bien le souffle de la vie matérielle que l'ouverture permettant un regard vers le ciel pour respirer un air venu d'ailleurs.
WAW
La lettre "Waw" se prononce avec les lèvres.
Le dessin d'origine du signe ressemble à un crochet, à un clou ou à un Y. Il a évolué vers un segment de droite couronné d'un petit crochet vers la gauche. Il est droit comme un pilier. En fait Waw est le premier trait issu du point Yod, comme on le verra plus tard.
D'après la Qabalah, ce trait vertical est la colonne médiane de l'Arbre de Vie, celle de l'équilibre, et le signe "Waw" est au centre de l'Arbre, dans l'attribut Tifeéret, la Beauté du Coeur. L'homme de l'Eden avait les pieds sur terre mais sa tête rejoignait le ciel. Debout, la tête haute, il faisait le lien avec son Créateur.
Le signe "Waw" est un lien, un crochet qui relie la droite à la gauche, le bas avec le haut, le passage obligé, le centre du sas, entre les deux portes "dow" et "dy" (voir la lettre Hé).
La lettre Waw est une consonne qui signifie "et". Elle matérialise la voyelle "o" ou "ou" (voir ci-dessus les voyelles), mais elle peut disparaître du mot, comme dans le mot "méorot", les luminaires, dans Genèse chap 1 vers 14-19. Au quatrième jour de la Création, les luminaires sont créés, mais le mot "méorot" y a perdu ses deux Waw-voyelles (mém-aleph-resh-taw au lieu de mém-aleph-waw-resh-waw-taw). L'exégèse biblique nous enseigne que ces liens "Waw" ont disparu pour nous avertir qu'on ne peut adorer ces luminaires ou étoiles qui sont des lumières "mortes", bien qu'elles soient des signes utiles à l'analyse, à l'étude et à l'interprétation. Ainsi, sans les lettres-liens waw, le mot "méorot" n'a rien d'absolu.
La valeur du signe Waw est six, comme les six premiers jours de la création qui ont vu naître progressivement tout l'univers avec l'homme au sixième jour. Dans l'espace, six est le nombre des faces du cube et les directions de l'univers sensible. Dans une vision d'Isaïe, un ange de feu déploie six ailes: d'après la Tradition de la Qabalah, six représente trois paires. La paire est la dualité émotionnelle vis-à-vis de la manifestation divine, l'amour et la crainte. Les trois paires sont des niveaux d'appréhension de cette manifestation:
- les ailes qui couvrent la face de l'ange seraient l'image d'une recherche spirituelle par la méditation ou par l'interprétation des secrets de la Torah,
- les ailes qui couvrent les pieds de l'ange de feu seraient la manifestation innée et naturelle de l'âme spirituelle.
- les ailes qui permettent à l'ange de voler et de s'élever constitueraient le lien direct avec le divin, celui de la prophétie, par exemple.
Waw est un lien, une lumière qui rayonne vers le bas, une vibration qui remonte, un passage central obligé, une clé. Voisine de la lettre Hé, elle s'associe avec ce signe pour dire le désir d'être au présent mais aussi pour exprimer la ruine et la destruction (hé-waw-hé). Comme l'échelle de Jacob, le Waw est un pilier à double sens, un moyen d'ascension et de descente. Ce signe consacre l'achèvement de la création et annonce la dernière phase, celle de la réflexion et de la contemplation, et "elle se drape de lumière comme d'un vêtement".
Albert SOUED - Janvier 1989
Prochaine conférence: les lettres zayin et h'ét
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