LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

LE SENS CACHÉ DES LETTRES HÉBRAÏQUES

KHAF

Onzième lettre de l'alphabet, elle vient du palais. Lettre redoublée, elle se prononce Kaf quand elle contient un point.

Khaf a la forme du creux de la main, d'un récipient renversé et elle s'ouvre en finale, en prenant la forme d'une écuelle. A l'origine, cette lettre avait la forme d'une main à trois doigts, puis elle s'est progressivement évasée pour ressembler à une paume.

D'après la Qabalah, ce signe est la couronne renversée d'un roi en état de prostration, l'aller et le retour de la lumière dans le monde des séphirot, depuis l'attribut Couronne ou Kéter, jusqu'à l'attribut Royaume ou Malkhout, le rythme d'une vibration, l'état de conscience supérieure de l'âme qui réfléchit la lumière reçue et le sublime plaisir de l'étude des lettres de la Torah, à travers les clins d'oeil éphémères de la compréhension de leur sens secret.

Le sens du signe Khaf est la paume de la main. Contrairement à la lettre Yod qui peut être représentée par un poing fermé, le signe Khaf est la main ouverte, arrondie, comme pour soupeser, soulever dans un sens, ou pour renverser, presser vers le bas, calmer, protéger, dans l'autre.

Le féminin de Khaf donne "kipah", calotte portée par déférence vis-à-vis du sacré, une couronne renversée protégeant l'homme de l'obscurité nuageuse et lui apportant le reflet de la lumière originelle incidente, éclairant ainsi sa foi.

Le mot "any" ou aleph-noun-yod, le moi essentiel est lié à son anagramme "ayin", le "néant". Sur le plan humain, l'affirmation du moi rejoint sa négation. Sur le plan divin, les deux mots sont liés par le signe Aleph, unité distante et cachée: le "moi" divin est équivalent au néant. Quand Dieu se révèle à Moïse sur le mont Sinaï, lors de la rencontre du Buisson ardent, le "moi" divin reçoit un Khaf et devient "anokhy", aleph-noun-khaf-yod: le Khaf presse vers le bas pour révéler le "distant" et le "caché". Le signe Khaf est ainsi l'instrument de la révélation.

De même, la racine à deux lettres "pr" suggère la fécondité, la fertilité, le jaillissement pouvant aller jusqu'à l'action sauvage. Quand on ajoute le Khaf, on obtient une racine à trois lettres "kpr" qui donne alors le sens de pardon, d'expiation, de couverture allant jusqu'à calmer l'ébullition: ainsi Khaf est le signe de l'apaisement. Pour illustrer ce propos par un exemple familier, la fête des "sorts", appelée Pourim est une fête de l'éclatement, du renversement provisoire des valeurs. Quand on ajoute le Khaf, on obtient ''kipourim", jour du grand pardon, jour de réflexion et de calme, où le destin de chacun est scellé.

Lettre de la révélation ou de l'apaisement, Kaf initie le mot "kéter", la couronne, première séphirah de l'Arbre de Vie et contenant six-cent-vingt piliers de lumière.

La couronne "kéter" a une valeur équivalente (620) au mot "é'srim", vingt, soit le parcours aller et retour de la lumière dans l'Arbre de Vie: la lumière incidente parcourt dix séphirot et la lumière réfléchie parcourt les mêmes dix séphirot, en sens inverse. La lumière perd de son intensité, à moins qu'elle ne rencontre, en chemin une âme qui la renforce.

Khaf peut s'associer de deux manières avec la lettre suivante Lamed qui a comme sens l'étude. Suivie de Lamed, Khaf donne "kol" ou le tout, le contenant trouvant son contenu, l'étude. Précédée du Lamed, elle donne "lékh" ou va!, l'ouverture et l'allant vers un nouvel univers.

Khaf a la valeur vingt, valeur de deux Yod; le rapprochement des deux Yod, ou des deux mains, pour applaudir ou pour prier forme une entité nouvelle, comme une troisième main dont la paume presse l'âme à descendre dans le corps ou l'aide à maîtriser une inclination vers l'Autre Côté.

Les dimensions du Saint des Saints du Temple de Salomon sont de vingt coudées dans les trois directions.

Khaf est un contenant de lumière qui donne et reçoit, une protection apaisante mais aussi le supplément d'énergie qui fait évoluer et révéler.

 LAMED

La douzième lettre de l'alphabet vient du mouvement de la langue contre le palais.

Elle a un dessin aérien puisque la lettre dépasse vers le haut le carré limite de l'hébreu, comme si Lamed avait des "ailes" pour s'envoler. Le dessin d'origine est une spirale qui s'est progressivement déployée pour prendre la forme d'un "S" élancé. Le mouvement gracieux vers le haut est légèrement incurvé, en signe d'humilité; il suggère une ouverture, un mouvement d'envol et peut-être même un éloignement. Un autre aspect du dessin de Lamed est l'aiguillon de boeuf.

Le sens de Lamed est l'étude qui implique une certaine discipline, donc une contrainte mais aussi une dose de modestie. L'aiguillon est utile pour diriger ou pour stimuler. S'il appuie fortement, l'aiguillon laisse une marque, voire une blessure.

L'aile permet à l'oiseau de s'envoler, de prendre une certaine élévation dans un espace de liberté. L'aile est accrochée au corps de l'oiseau comme une langue dans la bouche. Dans la tradition de la Qabalah, on fait un rapprochement entre le battement d'ailes d'un oiseau et le langage.

La Torah qui commence par la lettre Bet se termine par Lamed. La Torah est ainsi la maison de l'étude, puisque "bet" est la maison. Elle est aussi le coeur (lev ou lamed/bet) de la sagesse des mots.

"El" ou aleph-lamed est une désignation du divin. Inversement "lo" ou lamed-aleph est "non" en hébreu. Or Aleph est aussi bien l'unité cachée qu'une forme d'instruction ou d'enseignement. On pourrait ainsi dire que pour un hébreu le divin est l'étude ou la recherche de l'unité. Mais avant de rechercher, il faut commencer par douter, d'où la négation "lo". Dans le même esprit, les Sages nous disent qu'il faut commencer par dire non au polythéisme ou au nihilisme pour parvenir à la voie de l'unité.

"Loul" ou lamed-waw-lamed est une spirale sans fin à ses deux extrémités, comme l'étude. "Gal" ou ghimel-lamed est l'onde qui se propage de proche en proche comme l'enseignement ou l'information. "Galgal", la sphère, est le rythme du temps et de l'espace, le mouvement des astres, le va-et-vient des vibrations, transmettant la lumière de la connaissance à travers l'étude et l'instruction.

La valeur de Lamed est trente, le chiffre idéal d'un groupe de compagnons d'étude et le nombre de niveaux de compréhension de l'attribut Royaume dans l'Arbre de Vie ou les différents niveaux d'apprentissage pour parvenir à franchir son seuil d'entrée. Selon la Tradition, on compte dans chaque génération trente Justes et la hauteur du Temple de Salomon est bien sûr de trente coudées.

Signe altier qui se déroule vers le haut, Lamed est l'envol de la connaissance par l'étude et l'enseignement qui ne sont jamais terminés.

 

 Albert SOUED - décembre 1989

Prochaine conférence: les lettres Mém-Noun

Retour à Cours et Conférences

Retour au menu principal