INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR
LE TRAVAIL ET LA SERVITUDE
Le travail en hébreu a de nombreuses expressions. La plus courante est la racine a'yin/bet/dalet qui donne a'vodah et qui a le sens de "travailler gratuitement ou bénévolement" avec comme dérivés le travail non rémunéré d'esclave ou le travail bénévole en faveur de D.
Une autre traduction est mélakha, une œuvre, une mission particulière et unique, comme celle d'un ange (mal-akh) qui accomplit une mission puis disparaît. Puis vient le "a'mal", un travail pénible et le o'l, le joug qui est aussi un dur labeur, comme celui d'un esclave. A'mal a aussi comme sens biblique le mal, l'iniquité.
"I'tsavone" l'effort nerveux, sous pression, tristesse, déprime…
D'une manière générale, le travail semble mal vu par la tradition hébraïque, à travers la langue, en dehors du travail bénévole en faveur de D. ou de son prochain. L'analyse du Zohar nous en montre le chemin. Mais on commencera par des citations du Tanakh.
A'vad
1ère occurrence –
Genèse 2/5: "Or, aucun produit des champs ne
paraissait encore sur la terre, et aucune herbe des champs ne poussait encore;
car l'Éternel-Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre, et d'homme, il n'y
en avait point pour cultiver (travailler) la terre".
Genèse 25/39-40: "Si ton frère, près de toi, réduit à la misère, se vend à
toi, ne lui impose point le travail d'un esclave. C'est comme un mercenaire, comme un
hôte, qu'il sera avec toi; il servira chez toi jusqu'à l'année du Jubilé."
Deutéronome 34/5:
"C'est donc là que mourut Moïse, le serviteur de l'Éternel, dans le
pays de Moab, sur l'ordre du Seigneur." (moshé é'ved adonay)
Mélakha
1ère
occurrence – Genèse 2/2-3: "D. mit fin, le 7ème jour, à l'oeuvre faite par lui; et il se reposa, le 7ème
jour, de toute l'œuvre qu'il avait faite. Dieu bénit le septième jour et le
proclama saint, parce qu'en ce jour il se reposa de l’œuvre entière qu'il avait
produite et organisée"
Exode 20/8-9: "Durant
six jours tu travailleras (a'vad) et t'occuperas de
toutes tes affaires (mélakha), mais le septième jour est la trêve de
l'Éternel ton Dieu: tu n'y feras aucun travail (mélakha),
toi, ton fils ni ta fille, ton esclave mâle ou femelle, ton bétail, ni
l'étranger qui est dans tes murs"
Exode 31/2-3:"Vois,
j’ai désigné expressément Beçalêl, fils d’Ouri, fils de Hour, de la tribu
de Juda, et je l’ai rempli d’une inspiration divine, d’habileté, de
jugement, de science, et d’aptitude pour tous les arts (mélakha)"
Exode 35/35: "II
les a doués du talent d'exécuter toute œuvre d'artisan (mélékhet),
d'artiste, de brodeur sur azur, pourpre, écarlate et fin lin, de tisserand,
enfin de tous artisans et artistes ingénieux (mélakha)"
Exode 36/5-6: "Sur
l'ordre de Moïse, on fit circuler dans le camp cette proclamation: "Que ni
homme ni femme ne préparent plus (a'vodah) de
matériaux pour la contribution des choses saintes (mélakha)!"
Et le peuple s'abstint de faire des offrandes. Les matériaux suffirent et par delà,
pour l'exécution de tout l'ouvrage (mélakha)"
2
Chroniques 34/17: "Ils se sont fait verser l’argent qui se trouvait dans le
temple de l’Eternel et l’ont remis entre les mains des préposés et des
directeurs de travaux (mélakha)."
A'mal
1ère
occurrence – Nombres 23/21: "Il n'aperçoit point d'iniquité en Jacob, il ne voit point
de mal en Israël: l'Éternel, son Dieu, est avec lui, et l'amitié d'un roi le
protège"
Proverbes
16/26: "C'est pour lui-même que travaille (a'mal)
le laborieux (nefesh a'mal),
car pressantes sont les exigences de sa bouche"
Psaume
7/15: "Voyez, le méchant ourdit l'iniquité (aven), il conçoit le mal (a'mal) et enfante le mensonge"
I'tsavone
1ère
occurrence - Genèse 3/16-17: "A la femme il dit: "J'aggraverai tes labeurs (i'tsavone) et ta grossesse; tu enfanteras avec
douleur; la passion t'attirera, vers ton époux, et lui te dominera. Et à l'homme il dit: "Parce que tu
as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais
enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi: c'est avec
effort (i'tsavone) que tu en tireras ta nourriture, tant que tu
vivras"
Genèse 4/29:
"Il énonça son nom Noé, en disant: "Puisse-t-il nous soulager de
notre tâche et du labeur de nos mains, causé par cette terre qu'a maudite
l'Éternel!"
Le Zohar
Genèse 2/15: "L’Éternel-Dieu prit donc l’homme et
l’établit dans le jardin d’Eden pour le cultiver (léo'vdah, le travailler ou l'adorer) et le
soigner (léshomrah, le garder)."
D.
prit Adam, le sépara des 4 éléments et le plaça dans l'Eden. C'est ce que fait
toujours l'Eternel pour tout homme créé qui se repent de ses erreurs et
s'adonne à la Torah. Ainsi D. le tire de ses éléments originels, le sépare des désirs
que ces éléments lui inspirent et D. le met dans son Jardin (qui a comme sens la
Présence divine ou Shékhinah) pour qu'il le soigne
avec les préceptes positifs ou actifs et le garde à l'aide des préceptes
négatifs ou passifs (1).
Si
l'homme aujourd'hui garde la loi, il devient le maître des 4 éléments, devenant
aussi la rivière qui les abreuve, les maîtrisant, c'est à dire devenant leur
maître. Si l'homme transgresse la loi, les éléments sont irrigués par
l'amertume de l'Arbre du mal (Autre Côté), ou mauvais penchant, et prennent le
dessus…
L'étude
du Talmud nécessite un travail immense qui peut être considéré comme amer, comparé
à la douceur de la sagesse ésotérique. D.
montra ainsi à l'homme l'Arbre de Vie, par lequel les eaux amères sont
adoucies…
Il
s'agit ici d'un rare passage du Zohar où on compare l'étude du Talmud à l'étude
ésotérique (du Zohar)
(Zohar
I/27b)
Genèse 3/17: "Et à l'homme il dit: "Parce que tu
as cédé à la voix de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais
enjoint de ne pas manger, maudite est la terre à cause de toi: c'est avec
effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras"
Adam
demanda "D. Souverain de l'Univers combien de temps la terre sera-t-elle
soumise à la malédiction?" D répondit "Jusqu'à ce qu'un de tes
descendants soit né circoncis, comme toi". Alors, ils attendirent jusqu'à
ce qu'enfin un enfant naquit avec la marque de la
sainte Alliance (2). Quand le père vit cette marque et s'aperçut que la Shekhinah planait au dessus de lui, il nomma son fils Noah'
(repos), en anticipation de son destin. Car il faut savoir que jusqu'ici les
hommes ne savaient pas semer, ni labourer, ni récolter, et ils travaillaient la
terre avec leurs mains. Noah leur apprit comment travailler la terre, l'art de
l'agriculture et conçut pour eux les outils adaptés. C'est Noah qui libéra la
terre de la malédiction; jusqu'à Noah' les hommes semaient du blé, mais
récoltaient des épines et des chardons. On appela alors Noah l'homme de la
terre. Ne dit-on pas dans Genèse 9/20: "Noé, d'abord cultivateur, planta une
vigne"
(Zohar
I/58b)
Genèse 27/27-29: "il (Jacob)
s'approcha et l'embrassa. Isaac respira l'odeur de ses vêtements. Il le bénit
et il dit: "Voyez, le parfum de mon fils est comme le parfum d'une terre favorable
du Seigneur Puisse-t-il s'enrichir le Seigneur de la rosée des Cieux et des sucs de la terre (shméné haarets ou terre grasse), d'une abondance de moissons et de vendanges (rov dagan wétirosh). Que des peuples t'obéissent! Que des nations tombent à tes
pieds! Sois le chef de tes frères et que les fils
de ta mère se prosternent devant toi! Malédiction à qui te maudira et qui te
bénira soit béni!" (bénédiction de Jacob par son père
Isaac, usurpée à son frère Esaü)
Dans ce texte le
mot "sois" ou "heyeh"(hé/yod/hé)
est remplacé par "hévéh" (hé/waw/hé), formé
des 3 lettres de la foi, les 3 lettres du tétragramme qui suivent le yod (3).
Rabbi Yossi dit: ces bénédictions concernent les
temps du Messie, quand tous les hommes atteindront la connaissance de l'Arbre
de Vie et se transformeront comme Jacob s'est transformé en Israël. Et surtout
quand le "Serpent" sera vaincu (nah'ash= mashiah'=358).
Il y avait une
"torsion" en Jacob (yaa'qov). Après sa
lutte avec cet être mystérieux, d'abord "ish",
puis ange, puis "el", Jacob est monté dans l'échelle de la
connaissance divine et dans l'éthique correspondante. Il est devenu droit et
Israël (yashar dans yisrael).
Après la traversée du Yaboq, le combat nocturne a
permis à Jacob d'avoir raison de son mauvais penchant (yetser
haraa') et de triompher. Mais ce dur combat laisse
une trace indélébile, une blessure (à la hanche).
Le "Hévéh" du texte biblique est là pour nous dire que
Jacob a réussi à trouver le waw, liaison et équilibre central, entre la droite
et la gauche, entre le haut et le bas.
Quand Israël
transgresse les préceptes de la Torah, Esaü devient capable de tirer avantage
de la bénédiction qui lui a été donnée dans Genèse 27/39-40 "Pour
réponse, Isaac son père lui (à Esaü) dit: "Eh bien, une grasse contrée sera ton domaine, et les cieux t'enverront leur rosée. Mais tu ne vivras qu’à la pointe de ton épée; tu seras
tributaire de ton frère. Pourtant, après avoir plié sous le joug, ton cou s’en
affranchira"
De toutes ces
bénédictions d'Isaac, Jacob reçut seulement sa part. Isaac voulut les
transférer à Esaü, mais D. a voulu que Jacob eusse sa part. Pourquoi?
Observez le
parallélisme entre le couple Adam/Eve et Jacob/Rébecca, et celui des versets
bibliques correspondants. Quand le serpent amena la malédiction sur la terre, D
dit à Adam dans Genèse 3/17-19 "Et à l'homme il dit: "Parce que tu as cédé à la voix
de ton épouse, et que tu as mangé de l'arbre dont je t'avais enjoint de ne pas
manger, maudite
est la terre
à cause de toi: c'est avec effort que tu en tireras ta nourriture, tant que tu vivras. Elle produira
pour toi des buissons
et de l'ivraie, et tu mangeras de l'herbe des champs. C'est à la sueur de ton visage que tu mangeras du pain, - jusqu'à ce
que tu retournes à la terre d'où tu as été tiré: car poussière tu fus, et
poussière tu redeviendras!"
L'expression
biblique "terre favorable ou grasse" dans la bénédiction
d'Isaac vient neutraliser la malédiction de la terre.
De même, la
malédiction "avec effort tu tireras ta nourriture" est remplacée par
la bénédiction "de la rosée des cieux".
Et à l'expression
de malédiction "buissons et ivraie" correspond la bénédiction
"il y aura beaucoup de blé et de vin".
De même "à
la sueur de ton visage" est neutralisée par "Que des peuples
t'obéissent! Que des nations tombent à tes pieds!" pour labourer la
terre et cultiver les champs comme il est dit dans Isaïe 61/5: "Des
gens du dehors seront là pour paître vos troupeaux; des fils d'étrangers seront
vos laboureurs et vos vignerons".
Ainsi Jacob transforma
chaque malédiction en bénédiction et ce qu'il prit était sa part.
(Zohar I/143a-b)
Genèse 32/27: "Il dit: "Laisse moi partir,
car l'aube est venue." II répondit: "Je ne te laisserai point, que tu
ne m'aies béni."
Cette rencontre
de Jacob avec un être mystérieux, ish, ange ou
"el", après la traversée du fleuve Yaboq
est-elle réelle, est-ce un rêve, une vision?
Le Zohar semble
avoir opté pour une vision de Jacob. Elle est comparée à d'autres visions
bibliques.
Moïse recevait le
message divin debout et conscient, sans que ses sens ne soient affaiblis ni
défaillants, et il comprenait complètement le sens de ce message comme il est
écrit dans Nombres 12/8: "Je lui parle face à face, dans une claire
apparition et sans énigmes; c'est l'image de Dieu même qu'il contemple.
Pourquoi donc n'avez-vous pas craint de parler contre mon serviteur, contre
Moïse?". Alors que les autres prophètes tombaient sur leur face, dans
un état de transe et de fatigue et ne recevaient pas clairement le message
divin. Tous ces prophètes n'ont pas saisi ce que D. réservait à Esaü dans
l'avenir, à l'exception d'Ovadia (4), un prosélyte du
côté d'Esaü, qui a reçu clairement le message concernant Esaü.
La raison pour laquelle,
à l'exception de Moïse, les prophètes étaient affaiblis, c'est que le nerf
sciatique a été touché, lorsque Jacob a combattu de nuit son mauvais penchant (yetser haraa'). Il a été touché à
la cavité de sa cuisse, au nerf sciatique, par lequel il recevait toute son
énergie. Ainsi en dehors de Moïse, les prophètes ressentent cette interruption
d'énergie et leurs visions sont imparfaites (5).
Selon Genèse
27/33: "C'est pourquoi les enfants d'Israël ne mangent point
aujourd'hui encore le nerf sciatique, qui tient à la cavité de la cuisse; parce
que Jacob fut touché à la cavité de la cuisse, sur le nerf sciatique".
L'étude, la
prière et les bonnes actions sont des moyens de neutraliser le mauvais
penchant.
Ainsi quand les
érudits ne sont pas encouragés à étudier, ou se trouvent sans soutien
financier, la Torah entre dans l'oubli de génération en génération et sa force
faiblit. Car ceux qui y travaillent n'on plus de soutien et le royaume du mal
se renforce tous les jours; celui qui rampe sur son ventre, ayant eu les jambes
coupées, devient plus fort…
"Guid hanashéh"
c'est le nerf sciatique qui peut être lu "Guid - hanasséh" ou "récit - de
ce qui s'est passé" ou encore "récit - l'oubli", c'est-à-dire que le précepte
du nerf sciatique est là pour que le récit de la Torah soit transmis et qu'il
ne soit pas oublié. D'un autre côté, pour vivre, il faut savoir oublier la
blessure reçue. Mais pour guérir, il faut faire ressortir sa blessure de l'oubli
et la raconter.
(Zohar I/171a)
Genèse 38/8: "Alors Juda dit à Onàn:
"Épouse la femme de ton frère en vertu du lévirat, afin de constituer une
postérité à ton frère."
… car même si un
homme travaille la Torah jour et nuit, s'il n'a pas de progéniture, il ne
pourra pas trouver le chemin du ciel, ni y trouver sa place. Un puits est sec
s'il n'est pas alimenté par une source. Psaume 127/2: "C’est en vain
que vous avancez l’heure du lever, que vous prolongez tard vos veilles,
mangeant un pain péniblement gagné (léh'em hai'tsavim)! A celui qu’il aime [Dieu] donne le
nécessaire pendant son sommeil." (acte
d'amour pour procréer) – la Torah est un véritable trésor et les mots qui y
sont contenus sont des perles rares: ici elle s'adresse aux célibataires qui
n'ont pas su trouver une compagne selon
Ecclésiaste 4/8: "Voici
un homme isolé, sans compagnon, qui n'a même pas de fils ni de frère, et il ne
met pas de bornes à son labeur (a'malo)! Ses yeux ne sont jamais rassasiés de
richesses. [II ne se demande pas:] "Pour qui est-ce que je peine (a'mal)? Pour qui refusé-je à mon âme la moindre
jouissance?" Encore une vanité et une triste condition!"
L'étude de la
Torah ne suffit pas comme travail, il faut aussi le travail de la transmission,
non seulement trouver une compagne, mais avoir et élever des enfants, à travers
le lévirat si nécessaire (6).
(Zohar I/187b)
Genèse 47/29: "Les jours d'Israël approchant de leur terme, il (Jacob)
manda son fils Joseph et lui dit: "Si tu as quelque affection pour moi,
mets, je te prie, ta main sous ma hanche pour attester que tu agiras envers moi
avec bonté et fidélité, en ne m'ensevelissant point en Egypte"
… Rabbi Yéhouda dit: le jour où les pieds de l'homme sont pris au
piège et le jour de sa fin, quand elle approche, est appelé "Jour du
Seigneur", car ce jour là son esprit rejoint le Seigneur. Les jours de
l'homme ne peuvent être prolongés car selon Psaume 90/10: "La durée de notre vie est de
soixante-dix ans, et, à la rigueur, de quatre-vingts ans (7); et tout leur
éclat n’est que peine et misère. Car bien vite le fil en est coupé, et nous
nous envolons", car là où il n'y a pas de fondation l'édifice ne peut
tenir. Au-delà il y a travail et souffrance. De même selon Ecclésiaste 1/3:
"Quel profit tire l'homme de tout le mal qu'il se donne (a'mal) sous le soleil?"
A quoi pensait le
roi Salomon lorsqu'il a écrit ces mots? Salomon ne pensait pas au travail lié à
l'étude de la Torah, car il dit "travail sous le soleil" et l'étude
de la Torah est "au dessus du soleil", la Torah venant d'en haut.
Rabbi Hiya dit: l'étude de la Torah dans un but matériel (par
exemple se faire valoir) est aussi un travail sous le soleil, car une telle
étude ne parvient pas à élever celui qui y travaille.
(Zohar I/217a-b
& 223b)
Genèse 50/10: "Parvenus jusqu'à l'Aire-du-Buisson, située au
bord du Jourdain, ils y célébrèrent de grandes et solennelles funérailles et
Joseph ordonna en l'honneur de son père (Jacob) un deuil de sept
jours"
Les Compagnons
revinrent à la caverne et s'assirent. Rabbi Shimeo'n
dit à propos d'Isaïe 10/30: "Fais retentir ta voix, fille de Gallîm, prête l'oreille du côté de Laïch,
pauvre Anathot!", ce verset s'adresse à la
Communauté d'Israël, qui loue D. Celui
qui veut louer D. en chantant devrait avoir une belle voix, pour que ceux qui
l'écoutent aient du plaisir en l'écoutant. Sinon il devrait s'abstenir. Ainsi
on recommande aux Lévites de prendre leur retraite à 50 ans (voir Nombres 8/25),
car à cet âge, la voix commence à trembler et n'est plus très agréable….
(Zohar I/249a-b)
Exode 2/23: "Il arriva, dans ce long intervalle, que le roi
d'Égypte mourut. Les enfants d'Israël gémirent du sein de l'esclavage et se
lamentèrent; leur plainte monta vers Dieu du sein de l'esclavage".
Rabbi Yéhoshouaa' de Saknine dit: au
moment où la servitude était la plus dure, leur exil prit fin. Aussitôt l'heure
de la délivrance arrivée, le "roi d'Egypte mourut", c'est à dire que
les anges qui protégeaient l'Egypte furent déchus. Aussitôt, le Saint Béni
Soi-Il se remémora son peuple et entendit ses prières. Rabbi Yéhoudah dit: la preuve de ce fait est qu'immédiatement
après les mots "le roi d'Egypte mourut", le texte poursuit en disant
"et les enfants d'Israël soupirèrent en raison de leur servitude, ils
pleurèrent et leurs cris parvinrent jusqu'à D.", ce qui démontre qu'avant
cela leurs cris ne furent pas entendus. Ainsi la miséricorde a remplacé la
rigueur….
(Zohar II/19 a-b)
Exode 3/2: "Un ange du Seigneur lui (à Moïse) apparut dans un jet
de flamme au milieu d'un buisson. Il remarqua que le buisson était en feu et
cependant ne se consumait point".
…Selon Yéhoshouaa' ben Lévi, les mots disant "aucun prophète
en Israël n'égala Moïse" suggèrent que parmi les prophètes des nations, il
y en eut un qui l'égala quand même, nommément Bilaa'm.
Rabbi Yoh'anan répondit: c'est vrai!" et n'ajouta
plus un mot. On consulta Rabbi Shimeo'n, quand il
apparut; il répondit: "peut-on mélanger une résine avec un baume dont
émane une douce senteur?", dans le sens "comment peut-on comparer Bilaa'm à Moïse?" Il est vrai que Bilaa'm
pouvait défier Moïse et être considéré comme un émule; mais l'œuvre de l'un
venait d'en haut, tandis que celle de l'autre venait d'en bas. Moïse
travaillait avec l'aide de la Couronne sainte du Roi très Haut, alors que Bilaa'm utilisait des moyens impurs et matériels de la
sorcellerie. D'où Josué 13/22: "et aussi Balaam,
fils de Beor, le magicien, que les enfants d'Israël
avaient fait périr, avec leurs autres victimes, par le glaive".
Chacun excellait
dans son domaine et dépassait les autres, les prophètes pour Moïse, les autres sorciers
pour Bilaa'm. De nombreux niveaux d'étude et de travail séparaient les 2
hommes.
Rabbi Yohanan dit au nom de Rabbi Isaac: dans son esprit, Moïse
était anxieux du sort d'Israël, craignant qu'il ne succombe sous le poids du labeur. Exode 2/11: "Or, en ce temps-là,
Moïse, ayant grandi, alla parmi ses frères et fut témoin de leurs
souffrances"
C'est pourquoi un
ange lui apparut dans le feu et il vit que le buisson brûlait mais ne se
consumait pas, pour montrer que bien que leur existence fut devenue amère, sous
le feu de la servitude, Israël ne se consumait pas, tel le buisson. Et c'est
ainsi que D. sépara son peuple des Nations et l'appela "mes enfants"
selon Deutéronome 14/1: "Vous êtes les enfants de l'Éternel, votre
Dieu: ne vous tailladez point le corps, ne vous rasez pas entre les yeux, en
l'honneur d'un mort".
(Zohar II/21b-
Exode 20/8: "Durant six jours tu travailleras (taa'vod) et t'occuperas de toutes tes affaires (mélakhtekha)"
Le shabat est équivalent en importance à toute la Torah. C'est
le jour où toutes les âmes des Justes sont fêtées là haut, pour le plus grand
plaisir de l'omniscient caché. Un souffle de ce ravissement se propage dans le
monde entier et s'empare de tous les enfants des saints et de tous les gardiens
de la Torah. Ce jour là tous se reposent, oubliant leurs problèmes, les peines, les corvées et le dur
labeur. Isaïe 14/3: "Le jour où l'Eternel aura
assuré ton repos, après tes épreuves (a'sbékha),
tes tourments et la dure servitude (a'voda)
qui te fut imposée"
Rabbi Shimeon commence alors à parler des eunuques, qui sont en
fait des étudiants de la Torah, qui se considèrent comme eunuques pendant 6
jours de la semaine, par amour de la Torah; et la nuit du shabat,
ils procèdent à l'union conjugale, juste au moment où la Matrona
s'unit au Roi, c'est-à-dire minuit. Ces mystiques concentrent leur esprit et
leur cœur sur l'union divine, par foi pour le Seigneur et ils sont bénis. Ils
gardent le shabat dans leur cœur. Ils sont ainsi
eunuques dans l'attente du shabat, jour de repos consacré
au Seigneur, qui lui, ce jour là travaille et s'unit à la Shekhinah
pour amener des âmes saintes dans ce monde. Les enfants nés de cette union shabatique sont appelés enfants du Roi et de la Reine. (voir ci-dessus Deutéronome 14/1)
(Zohar II/89a-b)
Exode 21/2: "Si tu achètes un esclave hébreu, il restera six
années esclave et à la septième il sera remis en liberté sans rançon"
Il s'agit de la
transmigration des âmes qui sont libérées au bout de 6 révolutions, la
transmigration étant assimilée au travail et à la souffrance.
(Zohar II/94a-b)
Lévitique 11/46: "Afin qu'on distingue l'impur d'avec le pur, et
l'animal qui peut être mangé de celui qu'on ne doit pas manger"
Ceux qui
ingurgitent des nourritures impures s'attachent à l'Autre côté et n'ont aucune
part à la splendeur divine quand ils quittent ce monde-ci; ils sont saisis par
ceux qui font partie de l'impur et sont punis, sans aucune possibilité de
repentir ou de retour.
Rabbi Yossi rappelle la sagesse de Salomon. Ecclésiaste 6/7: "Tout le labeur (a'mal) de l'homme est au profit de sa bouche, et jamais
son désir n'est assouvi" – Cela signifie que toute punition subie dans
l'autre monde provient de la bouche, qui salit l'âme.
Rabbi Isaac
dit: celui qui se souille par une nourriture impure, c'est comme s'il servait
des idoles; il quitte donc le domaine de la sainteté pour un domaine autre et
il reste souillé dans l'autre monde. L'homme travaille pour se nourrir. Si sa
nourriture est impure, le fruit de son labeur et son expression (parole, geste
physionomie…) sont alors impurs
(Zohar
III/41b-42a)
Nombres 17/11: "Et Moïse dit à Aaron: "Saisis l'encensoir, mets-y du
feu de l'autel, pose le parfum, et porte-le sur le champ au milieu de la
communauté pour effacer leur faute; car le Seigneur a laissé éclater sa colère,
déjà le fléau commence!" (épisode du Veau d'Or)
Heureux le sort
du prêtre qui a le pouvoir en haut et en bas et qui apporte la paix en haut et
en bas. Le fléau n'a pas frappé grâce à la Main Droite qui a rapproché les
morts des vivants. Rabbi Eleazar cite Ecclésiaste 9/9: "Jouis de la
vie avec la femme que tu aimes, tous les jours de l'existence éphémère qu'on
t'accorde sous le soleil, oui, de ton existence fugitive car c'est là ta
meilleure part dans la vie et dans le labeur (a'mal)
que tu t'imposes sous le soleil"
Ici la
sagesse des propos de Salomon concerne le rapprochement entre Tife-éret et Malkhout,
entre la droite et la gauche, mais les actions doivent être contrôlées par la
droite, en y incluant la gauche. De même il ne faut pas attendre le monde à
venir pour se repentir ou demander la miséricorde divine, car là bas, il n'y a
ni travail, ni savoir, ni sagesse. C'est dans ce monde-ci qu'il faut agir dans
la sphère de la droite incluant la gauche, pour recevoir l'illumination divine
et sa part dans le monde à venir, à côté des Justes, au Jardin d'Eden.
(Zohar
III/177b-178a)
Notes
(1) au
niveau de la séfirah Malkhout.
Il s'agit de D. immanent, accessible en Eden au 1er Adam. Dans le
Jardin les miswot sont supposés accomplis, 248 positifs
et 365 négatifs.
(2) la
marque de la circoncision est le signe de l'union avec la Shékhinah
(3) le hé
d'en haut (au niveau de la séfirah Binah) et le hé d'en bas (au niveau de la séfirah Malkhout) séparés par le
waw du centre de l'Arbre de Vie (dans Tifeéret). La
tradition ésotérique place Jacob/Israël dans Tifeéret
(Avraham est en H'essed et
Isaac en Binah)
(4) Ovadia est un petit prophète qui n'a fait qu'une prophétie
liée à Esaü, son livre n'a qu'un seul chapitre qui est lu en "hafatarah" après le texte de "wayishlah',
lié à Jacob.
(5) En
attaquant Jacob à la hanche, l'ange du Mal Samael a
affaibli les attributs divins de netsah'/hod, victoire et réverbération, ou les jambes. C'est avec
les jambes qu'on peut marcher et aller à la rencontre de l'autre, pour
communiquer. C'est à ce niveau que le commun des mortels et les prophètes
recevaient leur prophétie. Moïse recevait le message divin au niveau supérieur
de Tifeéret-Beauté (au niveau du cœur) et il n'a pas
été affecté par l'affaiblissement de la jointure de la hanche.
(6) Un homme marié et vertueux meurt sans
enfant. Son âme erre à la recherche d'un rédempteur. C'est pourquoi il est
prévu dans le lévirat, que son frère le remplace auprès de la veuve. L'âme de
cet homme vertueux se réincarne dans l'embryon issu de l'union de la veuve et
du frère. L'âme errante réincarnée a alors une nouvelle opportunité d'être à la
fois vertueuse et de procréer elle-même. A la mort de ce 2ème homme
vertueux ayant procréé, l'âme en souffrance est libérée, donc rédimée.
(7) Si l'âme
vient de la Gvourah (Binah
étant la 8ème séfirah à partir du bas). Gvourah a le sens de rigueur, mais aussi de mérite et de
mesure. On vit plus longtemps dans la mesure, le mérite et si on a du
discernement et un jugement rigoureux…