ParAlbert Soued – 1986
Le roi Messie apparaîtra sur un âne blanc. Pourquoi?
Sur le plan sémiologique, l'âne est lié à la matière représentée par la terre rouge. Il a les pieds sur terre et, ses oreilles étant à l'écoute de vibrations venues d'ailleurs, sa tête se réchauffe.
L'opinion générale des peuples n'est pas favorable à l'âne taxé d'ignorance, d'imposture ou de folie. Pourtant dans la tradition biblique l'âne représente la patience, la compréhension des choses, le travail obstiné et la paix. Au point qu'on a accusé les Hébreux d'adorer l'âne ou de l'avoir adopté comme animal totem, tradition qu'ils auraient hérité du séjour en Egypte.
L'âne de l'ancienne Egypte était assimilé aux forces obscures de l'ignorance et il était dédié à Typhon-Set. L'âne était aussi l'image de l'homme profane, l'homme de la glèbe qui n'a pas quitté son lieu de naissance (ses murs) et qui n'est pas initié aux mystères des dieux. De même, l'égyptien des temps pharaoniques avait en horreur tout étranger, notamment le nomade asiatique résidant sur les rives du Nil, qu'il considérait comme un ignorant, un âne. Il est probable que tout homme circoncis, hébreu ou homme du peuple non initié fut associé à l'âne, ce mot étant "àa", prononcé a'y et dont le dessin en symboles hiéroglyphiques est couteau/verge ou roseau/bras puissant. Il est probable aussi que la couleur de la robe ait joué un rôle important: la robe brune, rousse ou grise étant le symbole d'une chaleur funeste, d'une impossibilité d'élévation spirituelle, la robe blanche étant le signe de bonté et de candeur et d'une possibilité d'ouverture. Ceci expliquerait l'arrivée du Messie sur un âne blanc, le Messie n'apparaissant que lorsque le peuple est prêt à s'élever spirituellement, à être initié!
D'après la Tradition juive, si on rêve d'un âne c'est que le salut est à la porte, et si certains considèrent l'âne comme le symbole de la folie, c'est qu'il s'agit d'une extrême réceptivité, d'une sensibilité à fleur de peau, d'une "sagesse des fous", car "a-t-on jamais vu un âne grimper sur une échelle?" L'âne est ainsi le symbole de la "chaleur à la tête", peut-être un signe de folie mais aussi le signe d'une certaine lucidité. D'après l'Écriture, l'ânesse de Bila'am le magicien était plus clairvoyante que son maître puisqu'elle percevait la présence d'un ange que lui-même ne voyait pas. L'ânesse est le symbole d'une connaissance supérieure oubliée ou perdue. L'ânon est un signe d'éveil.
Pour les maîtres du Zohar, monter sur un âne signifie obtenir une vision extatique, comme pleurer également.
Albert Soued – 1986