INITIATION AU BAHIR, LE LIVRE DE LA CLARTE
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L'édition Verdier du Bahir a
l'avantage de présenter en annexe un index thématique qui
permet l'étude de thèmes en choisissant les
"mishnayot" ou paragraphes pouvant être reliés à un
thème choisi. Le thème du rêve a un rapport direct avec le
point voyelle "h'olem" ou "o". Nous avons
sélectionné les 2 mishnayot annoncées 40 & 41.
Ses disciples lui demandèrent (à Rav Amoraï) "Que signifie le point voyelle "h'olem"?"
Il leur répondit "C'est l'âme et son nom est "h'olem" (rêveur); si tu lui obéis, tu guériras ton corps dans les temps à venir. Mais si tu te révoltes contre elle, tu tomberas malade, et elle aussi".
La racine liée au rêve "h'/l/m" est aussi un anagramme des mots pain (léh'ém) et sel (mélah'). Qu'est ce qui unit ces trois mots? Toute carence de l'un d'eux affaiblit l'organisme et peut le rendre malade.
Rêver, c'est devenir sain, guérir, entrer en convalescence. Comment? Par l'interprétation des rêves dont le but est de mieux se connaître.
Quel rapport avec la voyelle "o"? Pour dire "o", on arrondit la bouche et le souffle vient du thorax; c'est comme si on rendait l'âme. En fait d'après la qabalah, pendant le sommeil l'âme va se promener dans le monde intermédiaire et reçoit des informations et parfois des messages, qui sont rapportés dans un rêve à son retour dans le corps.
Sur le plan scientifique, pendant qu'on rêve lors du sommeil paradoxal, l'il tourne dans son orbite, il fait des "ronds".
Sur le plan sémiologique, h'/l/m peut se lire "lamed", s'élever par l'étude, au sein du h'am, la chaleur de la matière. Le rêve est une issue de la ronde profane (h'ol) dans la matière (mém). Si on persiste à tourner en rond, on devient malade (h'olé). Sortir du cercle vicieux par le rêve permet la guérison (hah'lamah).
La guérison de l'âme est obtenue par l'interprétation des rêves (p/sh/r , p/t/r). Ces deux racines commencent par "pé", la bouche, la parole. Parler ou communiquer est important dans cette thérapeutique, laisser le verbe errer, voyager (t/r) et transmettre (sh/r), ce qu'on cache profondément.
Et on dit encore "Tout rêve est dans le domaine du "h'olem" (o), de même que toute perle blanche découle de véah'lamah" (Exode 28/19: "Troisième rangée (du pectoral du Grand Prêtre) léchem, chebo, et ah'lamah")
Quel rapport entre une pierre et le rêve? D'abord que signifie "ah'lamah"?
Sur le plan étymologique, "ah'lamah" est une pierre rouge, genre améthyste, qui "renforce" celui qui la porte. Sur le plan sémiologique "ah'l/mah", c'est désirer quoi?
Ah'lamah est la 3ème pierre de la 3ème rangée sur le pectoral du Grand Prêtre qui devait recevoir une information dans une vision à l'état d'éveil, dans le Saint des Saints. Grâce au pectoral dont les pierres brillaient ou non, le Grand Prêtre devait répondre à des questions importantes telles que "Faut-il entrer en guerre?" ou "Faut-il condamner untel?"
Le rouge est l'image de la rigueur et de la force, tandis que le blanc de la perle est celle de la miséricorde et de la grâce. Comment trouver un équilibre même précaire entre ces deux pôles de la dualité humaine?
La mishnah 41 est une leçon de psychanalyse par l'interprétation des rêves et elle donne une réponse à ce questionnement.
La première partie dit "tout rêve se situe dans le "o"; on a vu qu'il s'agissait de la phase du sommeil paradoxal, propice au rêve et où l'il tournait dans son orbite!
La deuxième partie dit que la perle, image du Soi, totalité psychique découle de l'interrogation "désirer quoi?" et du rêve (h'lm). Il s'agit du chemin menant à la voie du milieu et à la Sagesse.
Ne perdons pas de vue aussi que le rêve est favorisé par l'effet tellurique de la pierre et qu'un fou se dit "h'elmaï", c'est à dire privé de rêve.
Albert SOUED - 17 décembre 2001