LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

LE SENS CACHÉ DES LETTRES HÉBRAÏQUES

QOUF

Le signe Qouf vient du palais.

De forme arrondie associée à un trait vertical, ce signe représente l'arrière de la tête ou la nuque. Le dessin d'origine est un cercle ou une double coquille barrée d'un trait.

D'après la Qabalah, le signe Qouf est également composé de deux signes, Resh (voir ci-dessous) et Zayin. Resh a le sens de tête. Zayin est à la fois une armure et une parure. Par son intelligence et sa réflexion (resh), il appartient à l'homme de maîtriser ses instincts de domination et de démonstration (zayin). S'il y parvient, Qouf est alors équivalent à "zer" ou zayin-resh, la couronne, celle qui orne les rouleaux de la Torah. Alors l'âme descend dans le corps humain pour y accomplir sa mission. Si elle n'y parvient pas, Qouf devient alors "raz" ou resh-zayin, l'étranger, celui qui rejoint l'Autre Côté. Dans ce cas l'âme reste étrangère au corps et ne peut accomplir sa mission.

Sur le plan divin, Qouf est le mystère incompréhensible et indéchiffrable raz, le secret. La valeur numérique de Qouf explicite ou qouf-waw-phé est équivalente au mot "maqom", le lieu de la présence divine ou le Royaume de la Shékhinah dans l'Arbre de Vie, le lieu où la lumière d'en Haut devient perceptible à l'homme. Qouf est aussi le lieu de la transformation initiatique, un passage difficile.

Qouf est à la fois la bouche ou le verbe "Pé" et le rayon de lumière "qaw". Le dessin de la lettre peut être décomposé en une partie arrondie, l'imaginaire, ou la puissance suggestive du verbe, et une partie droite, la raison ou l'idée directrice fulgurante et lumineuse.

Qouf a plusieurs sens. I1 est le singe, image de l'imitation et de la vanité de toute chose, de la folie, de la vacuité et de la futilité. Le singe sommeille au soleil et se laisse balancer de branche en branche, montrant son postérieur rouge braise.

Qouf est aussi le chas de l'aiguille, image de la difficulté de traverser, du renouvellement difficile, du passage malaisé, de l'hypothétique renaissance, de l'initiation.

Qouf est aussi un hachoir qui tranche et sépare.

Qouf a le sens également de la possibilité de révolution, du cycle et la racine qouf-pé a donné le tour, la circonférence, l'encerclement. Qouf pourrait être alors la recréation, la régénération après qu'on ait tourné en rond, puis pris conscience de l'inutilité mais aussi de la vanité des choses tangibles et matérielles. Qouf est le retour à l'unité, à travers la multiplicité.

La valeur de cette lettre est cent, magnificence de l'unité. Cent ans est l'âge du patriarche Abraham à sa circoncision. Cent ans est aussi la durée des dix cycles de dix ans de la renaissance de l'aigle phénix qui meurt et renaît, le dernier cycle se terminant par sa totale destruction, puis sa disparition dans l'océan.

Cent est la plénitude et la beauté parfaite de l'unité amplifiée.

Riche en significations, la lettre Qouf est à la fois le verbe et la lumière dont l'émanation est difficile. Elle est secrète car elle porte en elle aussi bien la suggestion de l'imaginaire que la raison incontournable, le fermé et l'ouvert, l'arrondi et l'allongé.

RESH

La vingtième lettre provient d'un mouvement de roulement de la langue dans la bouche.

La forme simple de ce signe fait penser à une tête courbée ou à une canne sur laquelle on s'appuie. La forme d'origine est une tête de bélier stylisée en triangle.

D'après la Qabalah, la forme du signe Resh suggère une grande humilité, voire un certain accablement. I1 s'agirait de la dernière étape du cheminement dans l'Arbre de Vie, entre le Juste (attribut du Fondement) et le Pauvre (attribut du Royaume): la pensée intérieure descend, se penche en se baissant et s'exprime par une force, la parole, en s'extériorisant.

Le sens de la lettre Resh est à la fois "rosh", la tête et le début et "rash", le pauvre. La parole est pauvre par rapport à la pensée de la tête, du début. La tête est baissée, soit par respect ou par humilité, soit aussi par abattement dû à la misère. Resh contient la dualité d'une attitude acceptée ou subie. La descente dans la caverne de la connaissance comme l'entrée dans la compréhension des choses se fait avec humilité et nécessite de la patience. La sortie de l'Eden paradisiaque est subie. Le Retour est volontaire et accepté mais il implique de courber la tête pour tirer de la terre le pain de la survie et pour nourrir en soi un espoir.

La tête baissée est aussi celle de la honte comme dans "raa'" source du mal, mauvais. Le même mot "réyaa', resh-a'yin a le sens de projet, d'intention, de pensée. La fracture originelle a eu comme conséquence de mélanger le bien et le mal. Mais n'est elle pas le projet divin qui offre à l'homme l'opportunité de faire l'effort pour les différencier? La tête est alors baissée pour mieux avancer dans le tumulte de la tempête. La misère de l'homme n'est qu'une étape après les errements. Bientôt, grâce à un début (Resh) de connaissance (Noun), il pourra trouver le sentier de la lumière (ner ou noun-resh), relever la tête et chanter un Cantique dans la maison de la sainteté, héritage pour de nombreuses générations.

Resh est aussi un sommet qu'on doit atteindre, une pensée qu'on doit développer, un principe qu'on doit appliquer.

Resh a comme valeur deux cent et se distingue par la dualité portée à son extrême.

A travers le signe Resh, on perçoit que l'abaissement dans l'univers matériel n'est qu'un début et une possibilité de retrouver un front haut, par un effort individuel de reconstruction de sa maison intérieure.

 

Albert SOUED - décembre 1989

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