LES SYMBOLES DANS LA BIBLE

LE SENS CACHÉ DES LETTRES HÉBRAÏQUES

SHIN

Shin vient d'un souffle entre les dents.

Cette lettre a la forme d'un trident ou d'un tricorne, forme d'origine.

D'après la Qabalah, le signe Shin est constitué de trois Yod et de trois Waw, c'est-à-dire de trois points d'où sont issus trois rayons de lumière, points assimilés aux trois séphirot Sagesse-Discernement-Connaissance. En fait, le signe Shin comprendrait une quatrième branche ou un quatrième rayon caché, qui se révélerait dans les temps futurs. I1 s'agirait du dédoublement de la Connaissance à un niveau différent, du côté "féminin" de l'Arbre de Vie. Ce deuxième niveau de la connaissance dépasserait le niveau de compréhension de l'homme, mais lui permettrait de se dépasser.

Le sens du signe Shin est la dent, la molaire, l'ivoire Cette lettre a donné l'année "shanah", shin-noun-hé, le changement "shinouy", shin-noun-waw-yod et le deuxième "shény", shin-noun-yod. Avec ses trois branches, le signe Shin suggère la trinité, une stabilité statique, un équilibre, un état de repos entre un principe et son contraire, le non changement, la répétition du cycle annuel et sa transmission. L'émergence de la quatrième branche cachée, soit le quatrième yod-waw, transformerait Shin en "shinouy" ou changement.

Un autre sens dérivé du signe Shin est "esh", le feu, comme la sonorité sèche du mot. Shin est l'une des trois lettres mères avec Mém, l'eau, la matière et Aleph, l'air. Ces trois éléments sont en équilibre stable, l'air équilibrant la dualité du feu et de l'eau. Or cette dualité est shin-mém, "shém", le nom, la désignation dont la finalité est l'unité indifférenciée de Aleph.

Le feu se transmet et révèle la richesse ou l'aridité du terrain.

Le soleil qui est une boule d'hydrogène en feu est "shemesh", shin-mém-shin, l'eau à l'intérieur du feu, la miséricorde entourée par la rigueur.

Shin a donné la racine ou "shoresh", shin-resh-shin. On peut imaginer un arbre à la cime courbée qui reprendrait racine par la tête, en marcottant. En fait cet arbre est doublement enraciné, dans la terre et dans le ciel, pour constituer le maillon d'une chaîne de transmission.

Shin est aussi l'arc qu'on tend pour tirer une flèche, une dent ou sa racine. L'arc transmet, la racine aussi.

Shin devient "sin" en perdant le chuintement au profit d'un sifflement, quand le point sur la branche de droite passe à gauche. Associé au signe Taw, Shin donne le sens de fondement et, Sin, le sens de ruine ou de désolation. Associé au signe Dalet, la porte, on a le sens général du gardien de la porte, celui qui tire et introduit, avec Shin, et celui qui arrête et barre la route avec Sin. Associé à Resh, la tête, Shin donne le sens de chaîne et Sin, celui de secret.

Shin a la valeur de trois cent, comme le nombre de profanes qui attendent dans le parvis du Temple ou la longueur en coudées de l'arche de Noé, liaison entre une humanité perverse et condamnée et une autre, purifiée par l'eau du déluge et renaissante.

Shin est un signe caractéristique par son ambiguité: à la fois mouvement et non mouvement dans la stabilité, le feu protecteur de la chaleur, mais aussi celui de l'embrasement destructeur, un chuchotement et un sifflement, l'intelligence et la folie: il nous montre la voie du ciel, celle de la terre, la rigueur et la miséricorde. En fait Shin est une lettre secrète qui tient cachée en elle le chemin du repentir, du retour ("shouw", shin-waw-bet): elle peut le divulguer à celui qui cherche et qui le mérite.

TAW

Taw vient d'un mouvement de la langue contre le palais.

Vingt-deuxième et dernière lettre de l'alphabet hébraïque, Taw suggère un dessin, un signe à déchiffrer. Elle suggère un croisement de lignes et le dessin d'origine est constitué de deux lignes croisées, signature instinctive de l'homme simple.

D'après la Qabalah, la lettre Taw est composée de deux lettres, Dalet et Noun: elle aurait ainsi comme sens immédiat, "la porte de la connaissance primordiale oubliée". Elle est aussi une réminiscence, une impression des mondes antérieurs dans l'univers présent. Dalet-Noun est aussi "dan", le juge: pour exercer son jugement, le juge a besoin de rectitude, de Taw croisé à angle droit. Taw n'est ni du côté de la rigueur, ni du côté de la miséricorde. Il est au milieu de l'Arbre de Vie, au niveau de Tifeéret, attibut qui commence et se termine par Taw.

On retrouve le juge dans le mot "adon" ou sire, une des sept désignations divines qui commencent par la lettre Aleph, l'unité. Adon ou aleph-dalet-waw-noun contient le signe Taw par le dalet-noun et devient alors aleph-waw-taw, soit le signe, le symbole, mais aussi aleph-taw-waw, "avec lui". Le Maître de l'univers a le signe avec lui. Il est la totalité de l'alphabet, de Aleph à Taw, de l'unité cachée vers le signe révélé par un symbole ou par un fait extraordinaire, appelé miracle.

Le sens de Taw est justement la marque, le signe, la lettre. I1 est le signe par excellence, la signature de l'analphabète, la marque de reconnaissance, le trait dans la matière. D'une façon plus concrète, Taw est l'empreinte immanente de la transcendance, le trait apparent du moi intérieur, la marque de la réalité ou d'un pressentiment, l'objet ou le dessin qui va subjuguer les foules, en faisant ressortir une émotion, amour ou haine.

Taw signifie aussi "plus, encore" ("tou"): une quête de plus de lumière, de plus de valeur ajoutée ("yoter"), de plus de réparation par une volonté librement consentie et de moins de prédestination.

Associé au Mém, les eaux, Taw donne "tam", la perfection, résultat du trait dans les eaux du Chaos pour les séparer et créer l'univers. Taw est le trait dans les eaux et la trace de l'univers primordial et des mondes antérieurs. Dans le mot Torah, Taw est le trait ou le signe à la tête, en haut du signe Hé, l'ouverture vers l'extérieur, l'étude, l'enseignement, le parfum des cieux.

La valeur de la lettre Taw est quatre cent, du signe de la matière et de la stabilité dans le mouvement. Taw a une valeur symbolique particulièrement riche, du fait qu'il est le signe par excellence (voir aussi "la richesse du signe taw").

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On a balayé en quatorze séquences les vingt-deux lettres hébraïques de Aleph à Taw. Cet aperçu limité n'a d'autre but que de faciliter au lecteur la compréhension de l'Ecriture et de défricher le chemin qui peut le mener au Pardès, le jardin odoriférant. I1 est clair qu'aucun exposé sur ce sujet particulier ne peut être dénué de toute subjectivité, ni être exhaustif.

 

Albert SOUED - décembre 1989

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