INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

 

 

Le  Plaisir  Selon  le  Zohar -1

 

Genèse 3/6: " La femme jugea que l'arbre était bon comme nourriture, qu'il était attrayant à la vue et précieux pour l'intelligence; elle cueillit de son fruit et en mangea; puis en donna à son époux, et il mangea"

 

… Rabbi Shimeon était en route vers Tibériade, accompagné des Rabbis Yossi, Yéhoudah et Hiya. Ils virent Rabbi Pinhas venant à leur rencontre. Ils quittèrent leur monture et s'assirent sous un arbre à larges feuillages. Rabbi Pinhas dit: Maintenant que je suis assis avec vous, j'aimerais écouter une de ces merveilleuses leçons dont vous avez l'habitude. Rabbi Shimeon prit la parole pour commenter le verset de la Genèse 13/3: " Il repassa par ses pérégrinations, depuis le midi, jusqu’à Béthel, jusqu’à l’endroit où avait été (dressée) sa tente la première fois, entre Béthel et Aï"

Il dit: le mot "pérégrinations" est au pluriel là où on s'attend à un singulier. Pourquoi? Parce que la Shékhinah accompagne le voyageur. Il incombe à l'homme d'être à la fois "homme et femme", pour que sa foi puisse rester ferme, et, pour cela la Shékhinah ne doit jamais le quitter. Quand il voyage sans sa femme, il doit prier le Ciel avant de partir, alors qu'il est encore "mâle et femelle", afin d'attirer vers lui son Maître. Quand il sent que sa prière est acceptée, ainsi que son action de grâce et que la Shékhinah est près de lui, alors il peut partir. Car à travers son union avec la Shékhinah, il reste "mâle et femelle", dehors comme à la maison, comme il est dit dans Psaume: 85/14: "La justice marche au-devant de lui, et trace la route devant ses pas"

Tout homme en déplacement doit prendre garde à ses actions, pour éviter que sa partenaire céleste ne l'abandonne, le laissant "incomplet", l'élément féminin lui faisant défaut. Cet attachement à un être céleste dans son acception féminine est aussi nécessaire que lorsque sa femme l'accompagne en voyage. Car cet être le protège pendant tout son voyage, jusqu'à son retour chez lui.

Quand il rentre, son premier devoir c'est de donner du plaisir à sa femme, car c'est elle qui lui a procuré la compagne céleste. C'est son devoir pour 2 raisons: d'abord, ce plaisir est "religieux", car il réjouit la shékhinah également, et ce plaisir répand la paix dans le monde, comme il est dit dans Job 5/24:" Tu verras le bonheur fixé dans ta demeure, tu inspecteras ta maison et ne trouveras rien en défaut" (wéyadaata ki shalom ohalékha; wéfaqadta nawékha; lo téh'étha)

Est-ce un péché s'il ne rend pas visite à sa femme? Oui, car il se dérobe devant l'honneur à offrir à la partenaire qui l'a rejoint en lieu et place de sa femme.

Ensuite, si sa femme devient enceinte, la partenaire céleste accorde à l'enfant une âme sainte, et cette alliance est appelée l'Alliance sainte du SbS. C'est pourquoi, il faudrait qu'il s'empresse d'apporter cette joie au couple, comme il s'empresse pour la joie du shabat, partenaire des Sages.

"Tu ne peux pas savoir si ta tente est en paix", tant que la Shékhinah n'est pas entrée chez toi et tant qu'elle ne réside pas chez toi, et, pour cela "tu dois visiter ton foyer et ne pas pécher", en t'adonnant avec joie et plaisir au devoir religieux de l'amour conjugal, en présence de la Shékhinah.

C'est pourquoi, les étudiants de la Torah qui se séparent de leur femme pendant 6 jours de la semaine, pour se consacrer à l'étude, sont toujours accompagnés par une compagne céleste, afin qu'ils demeurent "mâle et femelle". A l'arrivée du shabat, il leur appartient de donner du plaisir à leur femme, en l'honneur de la compagne céleste… Il en est de même de la situation de séparation pour impureté….

Le sens ésotérique de cette leçon est que tout homme de vraie foi doit concentrer toute pensée et tout objectif sur la Shékhinah.

A l'écoute de cette doctrine, on peut croire qu'un homme est plus digne quand il voyage que lorsqu'il est chez lui, puisqu'il a comme compagne la Shékhinah. Non! Quand il est chez lui, le fondement de sa maison c'est sa femme, car c'est grâce à elle que la Shékhinah réside sous son toit. Nos maîtres comprennent ainsi le verset Genèse 24/67: "lsaac la conduisit dans la tente de Sarah sa mère; il prit Rébecca pour femme et il l'aima et il se consola d’avoir perdu sa mère"

Car la Shékhinah est entrée dans la tente de Sarah, la mère d'Ish'aq, avec Rébecca…

(Zohar I/49b-50a)

 

Genèse 3/8: " Ils entendirent la voix de l'Éternel-Dieu, parcourant le jardin du côté d'où vient le jour. L'homme et sa compagne se cachèrent de la face de l'Éternel-Dieu, parmi les arbres du jardin"

 

Jusqu'à ce qu'il péchât, l'homme était doté d'une sagesse illuminée par le divin, ne quittant pas un seul instant l'Arbre de Vie. Quand il fut séduit et succomba au désir de connaître ici bas, sa lumière faiblit et il se sépara de l'Arbre de Vie, connut le Mal et renonça au Bien. C'est pourquoi il est dit au Psaume 5/5: " Certes tu n’es point un Dieu qui prenne plaisir au mal, le méchant ne trouve point accès auprès de toi".

Celui qui est attiré par le Mal ne peut résider dans l'Arbre de Vie. Avant de pécher, le couple humain entendait la voix d'en Haut, et était doté d'une sagesse supérieure, il se tenait debout la tête haute, couvert d'une radiance céleste, sans peur. Après le péché, il ne pouvait plus se tenir debout, même devant une voix terrestre.

Les Israélites se trouvèrent dans une situation similaire. Devant le mont Sinaï, Israël s'était purifié de l'impureté du serpent, et toute passion charnelle avait disparu. Il pouvait à nouveau s'attacher à l'Arbre de Vie et porter ses pensées vers le haut plutôt que vers le Bas. A nouveau il retrouva la lumière céleste et le savoir qui le remplit de joie et de bonheur. Hélas…

(Zohar I/52a-b)

 

Genèse 6/5: " L'Éternel vit que les méfaits de l'homme (raa't haadam) se multipliaient sur la terre, et que le produit des pensées de son cœur était uniquement, constamment mauvais"

 

Rabbi Yéhoudah cita de nouveau  le Psaume 5/5: "Certes tu n’es point un Dieu qui prenne plaisir au mal (réshaa'), le méchant (raa') ne trouve point accès auprès de toi". Il dit: la leçon qu'on peut tirer de ce texte est que si un homme s'attache au mal par la pensée, puis agit en conséquence, non seulement il se salit, mais il s'enfonce dans la fange. Les gens de l'époque du Déluge commirent tant de péchés, mais la coupe ne fut pleine que lorsqu'ils répandirent leur sang (sperme) sur le sol. On sait cela car le mot utilisé dans le verset de la Genèse est "raa'", le Mal, comme dans Genèse 38/7: " É'r, le premier né de Juda, ayant déplu au Seigneur, le Seigneur le fit mourir", et "E'r et raa'" se rejoignent, et E'r est le Mal pour le Seigneur car il a répandu inutilement son sperme, la vie.

Rabbi Yossi pose la question: "raa'" est-il la même chose que "reshaa'"? Il lui répondit: non! Un homme est "rashaa'" s'il lève simplement sa main sur son voisin, sans lui faire du mal. On parle de "raa'", le mal quand il s'est corrompu et qu'il se souille et souille la terre, renforçant en Haut l'esprit du Mal et éloignant la shékhinah du monde.

(Zohar I/56b/57a)

 

Genèse 7/4: "Car encore sept jours, et je ferai pleuvoir sur la terre pendant quarante jours et quarante nuits; et j'effacerai de la surface du sol tous les êtres que j'ai créés".

 

Lors d'une étude en commun, Rabbi Ish'aq demanda à Rabbi Shiméon pourquoi la terre est corrompue, si les hommes ont péché. Il lui répondit qu'on trouvait un parallèle dans le verset du Lévitique 18/25:" et le pays est devenu Impur (wétithma haarets), et je lui ai demandé compte de son iniquité (a'vonah), et le pays a vomi ses habitants". L'humanité est une essence de la terre, donc sa corruption souille la terre. Genèse 6/11: " Or, la terre s'était corrompue devant Dieu, et elle s'était remplie d'iniquité (h'amas)". Tous les péchés de l'homme peuvent être repentis, sauf celui de l'onanisme, car avec ce péché non seulement il se souille mais il souille toute la terre, comme dans Jérémie 2/22: " Quand même tu te laverais avec le nitre et que tu userais en abondance de potasse, ton crime resterait ineffaçable devant moi, dit le Seigneur, l'Eternel", de même que Psaume 5/5 vu ci-dessus "Certes tu n’es point un Dieu qui prenne plaisir au mal (réshaa'), le méchant (raa') ne trouve point accès auprès de toi", et également Genèse 38/7: " É'r, le premier né de Juda, ayant déplu au Seigneur, le Seigneur le fit mourir".

Rabbi Yéhoudah posa la question "pourquoi le SbS punit le monde avec l'eau et non avec le feu, ou tout autre élément?" Rabbi Shiméon répondit: il y aune raison mystique, basée sur le fait que "les hommes s'étaient corrompus" et leur péché a empêché les eaux d'en haut (âme) de rejoindre les eaux d'en bas (sperme), comme il convenait, d'où la punition par l'eau. De plus, les eaux du Déluge étaient bouillonnantes pelant la peau des hommes, suprême punition pour avoir jeté leur chaud fluide. Mesure pour mesure. "Les fenêtres du Ciel se sont ouvertes" ce sont les eaux d'en Haut. "Toutes les fontaines des grandes profondeurs se sont brisées et ouvertes", ce sont les eaux d'en Bas. La réunion des deux "eaux" forme la punition des péchés de l'humanité du Déluge.

(Zohar I/61b-62a)

 

Genèse 23/1: "La vie de Sara fut de cent vingt-sept ans; telle fut la durée de sa vie"

 

Rabbi Yossi commenta le verset Yonah 1/15: "Puis ils saisirent Yonah et le jetèrent à la mer. Aussitôt la fureur de la mer se calma"

Il dit: on peut se poser la question de savoir pourquoi c'est la mer qui se démonta et non la terre qui trembla, voyant qu'il avait fui pour empêcher la Shékhinah de l'accompagner. En fait nos maîtres nous enseignent que la mer se confond avec le ciel et  le ciel ressemble au Trône de Gloire. Alors la mer le saisit, et il en fut saisi de frayeur. D'après la Tradition, on a plongé Yonah jusqu'aux genoux, et la mer se calma; mais quand on l'a sorti de l'eau, la mer se démonta à nouveau. Et cette facétie se répéta jusqu'au moment où Yonah dit dans Yonah 1/12: "Il leur répondit: "Prenez-moi et jetez-moi à la mer, vous la verrez s'apaiser, car je reconnais que c'est par mon fait que vous essuyez cette violente tempête.". Ce que les marins firent. Aussitôt lancé dans la mer, l'âme de Yonah le quitta et s'éleva vers le Trône de gloire, pour être jugée. Elle fut restaurée à Yonah quand le gros poisson l'avala. Le poisson mourut, puis fut ressuscité quand il régurgita Yonah sur terre.

Ainsi chaque nuit, quand on dort, l'âme s'élève pour être jugée par le Tribunal du Roi.

Si elle mérite de continuer dans son état, elle est autorisée à revenir dans ce monde-ci. Dans le jugement, le bien et le mal n'ont pas le même poids. On ne tient pas compte des actions malveillantes qu'un individu envisage de perpétrer dans l'avenir. A l'opposé, toutes les bonnes actions du futur sont mises à son crédit pour compenser ce qu'il a fait de mal. Ainsi est la grande bonté du SbS à l'égard de ses créatures. Quand Yonah a été jeté à la mer, la tempête cessa. En comparaison, la mer d'en haut se calma: quand il juge le monde, le tribunal céleste est comme une femme enceinte, en pleine convulsions: mais dès que le jugement est rendu, il redevient calme et pacifique, comme il est dit dans Proverbes 11/10: "Que les justes soient heureux, la cité est en joie (taa'lots qiryah); que les méchants périssent, ce sont des transports de joie (oubaavod réshai'im rinah) "

Mais on dit le contraire dans Ezéchiel 18/23: "Est-ce que j'ai plaisir (héh'afots eh'fots)  dans la mort du méchant, dit le Seigneur Dieu, ne préféré-je pas qu'il revienne de sa conduite et qu'il vive?"

Mais il s'agit ici de pécheurs qui sont allés aux limites de la provocation sans se repentir, alors que dans le verset précédent, on parle de pécheurs qui ont compris où était la mesure.

(Zohar I/121a-b)

 

Genèse 23/19: "Alors Abraham ensevelit Sara, son épouse, dans le caveau du champ de Makpéla, en face de Mamré, qui est Hébron, dans le pays de Canaan"

 

…Le sens ésotérique de la caverne de la Makhpélah implique le nom divin, car la lettre "hé" est redoublée, les 2 lettres ne formant qu'une seule. Il est vrai que la caverne est double, une caverne dans une autre, mais les 2 ne formant qu'une… de son côté Abraham qui savait de quoi il s'agissait, parlant aux enfants de H'eth, l'a appelée simplement "caverne de la Makhpélah", impliquant la dualité, ce qui était vrai. Le SbS dans sa grande sagesse a fait en sorte que les choses créées ici-bas soient l'exacte réplique de ce qui se trouve en haut, et que les 2 soient unies, afin que sa Gloire soit répandue haut et bas. Heureux les Justes dans lesquels le SbS prend plaisir, dans ce monde-ci et dans le monde à venir !

(Zohar //129a)

 

Genèse 24/1: "Or Abraham était vieux, avancé dans la vie; et l'Éternel avait béni Abraham en toutes choses"

 

Rabbi Yéhoudah commenta le Psaume 65/5: "Heureux celui que tu choisis et admets en ta présence, pour qu’il habite dans tes parvis! Puissions-nous nous délecter de la beauté de ta maison, de la sainteté de ton palais!"

On peut expliquer ici que l'homme qui agit avec droiture peut être heureux, car le SbS trouve en lui du plaisir, et le rapproche de Lui. Abraham essaya de se rapprocher de Lui de plus en plus, devenant l'objet de son désir en permanence. Car il s'améliorait de jour en jour, montait de niveau en niveau et, quand il fut vieux, il atteint les niveaux les plus élevés, près du SbS, ces "jours supérieurs", ceux de la vraie foi. D. le bénit pour tout (ba-kol), la région "kol" étant la source de toute bénédiction et de tout secours. Heureux les pénitents qui parviennent près du SbS, en l'espace d'un jour, d'une heure, voire une seconde, alors que pour les vrais justes il faut des années.

(Zohar I/129a)

 

Genèse 28/11: "Il arriva dans un endroit où il établit son gîte, parce que le soleil était couché. II prit une des pierres de l'endroit, en fit son chevet et passa la nuit dans ce lieu"

 

Rabbi Yish'aq était assis à l'entrée de la caverne d'Apikoutha, un homme passa devant lui avec ses deux fils. L'un dit à l'autre: le soleil est plus puissant au sud et, si ce n'était le vent qui atténue la chaleur, le monde ne pourrait pas exister. Le plus jeune répondit: Si ce n'était pour Jacob, le monde ne pourrait pas subsister. Car lorsque l'unité de D. est proclamée par ses fils dans le verset du Deutéronome 6/4: "Ecoute, Israël: l'Éternel est notre Dieu, l'Éternel est un!", expression parfaite d'unité, alors Jacob leur père les rejoint et prend possession de la maison où il habite en association étroite avec ses pères, de manière que "mâle et femelle" soient unis.

Rabbi Yish'aq se dit en lui-même: je vais me joindre à eux et écouter ce qu'ils ont à dire. L'homme commentait le Psaume 132/8: "Lève-toi, Seigneur, pour entrer dans ton lieu de repos, toi et l’arche de ta puissance! " Il dit: quand David prononça ces paroles, il ressemblait à un homme disant au Roi "Que Ton altesse se lève et rejoigne son lieu de repos". Moïse s'est aussi adressé à D. de la même manière dans Nombres 10/35: "Or, lorsque l'arche partait, Moïse disait: "Lève-toi, Éternel! Afin que tes ennemis soient dissipés et que tes adversaires fuient de devant ta face!"- La différence entre les deux phrases est la suivante. Moïse parlait comme un homme qui donnait des ordres aux siens et il invitait le divin à faire la guerre à ses ennemis. Alors que David  sollicitait D. d'aller vers son Lieu de repos, et, selon l'étiquette, il invitait à la fois le Roi et sa Suite, afin de ne pas les séparer. De là on apprend que lorsqu'on veut inviter le roi on se doit de l'amuser, de lui procurer du plaisir, non pas un spectacle de clowns ou de prestidigitation, mais quelque chose de raffiné, digne de lui. C'est pourquoi David avait dit dans Psaume 132/9: "Que tes prêtres endossent des vêtements de triomphe (yilbéshou tsedek), et que tes fidèles adorateurs éclatent en cris de joie!" – Les Lévites étaient les musiciens habituels du Roi, mais David, en l'invitant, procura des Prêtres et des Saints. Dieu lui dit: je ne veux pas te surcharger. David répondit: O Maître, quand Tu es dans Ton palais, Tu fais ce bon Te semble, mais maintenant que je T'ai invité, c'est à moi d'arranger les choses, et c'est ma volonté de t'offrir ces personnes, bien que ce ne soit pas leur fonction habituelle.

De là on apprend que dans sa maison un  homme arrange les choses à sa manière, mais, invité, il doit être à aux ordres de celui qui l'a invité et doit se conformer à ses désirs….

 

Genèse 37/2: " Voici l'histoire de la descendance de Jacob. Joseph, âgé de dix sept ans, menait paître les brebis avec ses frères. Passant son enfance avec les fils de Bilh'a et ceux de Zilpa, épouses de son père, Joseph débitait sur leur compte des médisances à leur père "

 

…Rabbi Hiya commentait les versets de Job 34/10-11: "C'est pourquoi, gens d'intelligence, écoutez-moi: loin de Dieu l'iniquité et du Tout-Puissant l'injustice! Car il paie chacun selon ses œuvres et lui assigne le sort mérité par sa conduite". En créant le monde D. voulait que son fondement soit la justice, que toute action serait pesée sur la balance de la justice, mais pour sauver le monde de la destruction qu'elle risquait d'entraîner, D. a tempéré la justice pure de miséricorde. Le monde est ainsi régi par la miséricorde et il est capable de durer. Mais vous allez me rétorquer que l'homme n'est-il pas souvent puni sans raison. La réponse est quand la souffrance tombe sur un homme juste, c'est parce que D. l'aime. Son corps est écrasé pour que son âme soit encore plus forte et qu'elle soit plus proche de Lui. Il est nécessaire que le corps faiblisse et que l'âme se renforce, pour que D. puisse l'aimer, selon la doctrine des Compagnons. Le SbS inflige des souffrances aux justes dans ce monde-ci, afin qu'ils puissent mériter le monde à venir. Celui dont l'âme est faible et le corps fort est haï par D., car D. ne trouve aucun plaisir en lui, et ne lui inflige aucune peine dans ce monde, permettant à sa vie de s'écouler en toute aise et confort, et il reçoit sa récompense dans ce monde pour tout acte vertueux qu'il accomplit, mais aucune portion ne lui est réservée dans le monde à venir. Onkelos paraphrasait le texte suivant du Deutéronome 7/10: "mais qui punit ses ennemis directement, en les faisant périr, et n'ajourne point, à l'égard de son contempteur, le paiement qui lui est dû", c'est-à-dire que D. paye ceux qui le haïssent dans ce monde-ci. Le Juste dont le corps est brisé en permanence est le bienaimé du SbS.

(Zohar I/180a-b)

 

Genèse 38/8: "Alors Juda dit à Onan: "Épouse la femme de ton frère en vertu du lévirat, afin de constituer une postérité à ton frère"

 

…Celui qui meurt sans descendance n'entrera pas à l'intérieur du rideau céleste et n'aura aucune part dans l'autre monde, et son âme ne sera pas admise là où toutes les âmes se rassemblent et son image sera effacée. Il est écrit que cette âme sera coupée devant D., mais D. a trouvé un rédempteur pour cet homme, pour le libérer des mains des anges destructeurs, c'est-à-dire son frère qui est proche de lui…

En effet les expressions de la Torah sont précieuses, contenant chacune des mystères sublimes et saints, trésors donnés sur le Mont Sinaï. Ceux qui sont seuls, qui n'ont pas réalisé l'union du mâle et de la femelle, se lèvent tôt et veillent tard en vain, se nourrissent du pain de la tristesse, n'ont personne qui veillent sur eux, aucun enfant pour faire vivre leur nom en Israël; leur travail n'a aucune fin, travaillant nuit et jour et insatisfaits, privant leur âme du plaisir, selon Ecclésiaste 4/8: "Voici un homme isolé, sans compagnon, qui n'a même pas de fils ni de frère, et il ne met pas de bornes à son labeur! Ses yeux ne sont jamais rassasiés de richesses. [II ne se demande pas:] "Pour qui est-ce que je peine? Pour qui refusé-je à mon âme la moindre jouissance?" Encore une vanité et une triste condition!" alors que celui qui a un foyer avec des enfants est décrit dans Proverbe 3/24: "Lorsque tu te livreras au repos, tu n'éprouveras aucune crainte, tu te coucheras et goûteras un doux sommeil."

Vous pouvez rétorquer que l'homme dépourvu de femme et d'enfants a néanmoins du plaisir en mangeant et en buvant tous les jours, mais son âme ne partage pas ces plaisirs, et en fait, il prive son âme de tout plaisir, et de l'illumination délicieuse du monde à venir. Son âme reste rabougrie et n'atteint pas son complet épanouissement.

 

Rabbi Hiya posa la question suivante: "Vis-à-vis du monde à venir, quelle est la situation d'un homme, juste et droit, qui passe son temps à étudier la Torah, nuit et jour et qui se consacre totalement au service du Seigneur, pourtant D. ne lui a pas accordé d'enfants malgré tous ses efforts, ou bien s'il a eu des enfants, ils sont tous morts ?"

Rabbi Yossi lui répondit: ses bonnes actions et la Torah le protègent dans le monde à venir

Rabbi Yitsh'aq dit: il est écrit à ce sujet dans Isaïe 56/4-5: "Car ainsi s'exprime l'Eternel: "Aux eunuques qui observent mes sabbats, qui se complaisent à ce que j'aime, qui s'attachent à mon alliance, à eux, j'accorderai, dans ma maison et dans mes murs, un monument, un titre qui vaudra mieux que des fils et des filles; je leur accorderai un nom éternel, qui ne périra point"- ainsi ces gens là ont leur part dans le monde à venir.

Rabbi Yossi ajouta: OK tout cela est parfaitement correct, mais qu'en est-il de l'homme Juste qui a toutes ces qualités et qui se perfectionne de jour en jour, mais qui meurt sans descendance, sachant qu'il a sa part dans le monde à venir, est-ce que sa femme doit-elle épouser son frère ou non ? Si oui ce mariage est inutile, car ce frère risque d'hériter du monde à venir en lieu et place du mari. En fait elle doit quand même épouser le frère, car on n'est jamais sûr que le défunt fût aussi parfait que cela. Et puis ce lévirat pourra servir à racheter l'âme d'un autre homme parfait décédé sans descendance et sans rédempteur. Ecclésiaste 4/9: "Etre à deux vaut mieux que d'être chacun seul; car c'est tirer un meilleur profit de son travail", ce verset fait allusion à ceux qui ont satisfait le devoir de laisser des enfants dans ce monde, et qui, pour cela, héritent du monde à venir. D. a planté des arbres dans ce monde, qui peuvent prospérer dans le bon sens ou non; dans ce dernier cas il les déracine et les replante (transmigrations d'âme). Tous les chemins du SbS ont pour but le Bien et la perfection dans le monde.

(Zohar I/187a-b)

 

Genèse 41/14: "Pharaon envoya quérir Joseph, qu'on fit sur le champ sortir de la geôle (bor); il se rasa (yégalah') et changea de vêtements, puis il parut devant Pharaon"

 

Rabbi Abba commente le Psaume 147/11: "Ceux en qui a plaisir (rotsé), l’Eternel, ce sont ceux qui le craignent (Yiréaw), ceux qui ont foi en sa bonté (hamyah'lim h'asdo)"

En effet D. prend plaisir dans les Justes car ils font la promotion de la paix en haut et en bas, Il entraîne la fiancée à rejoindre son époux, et ainsi D. prend plaisir en ceux qui le craignent et réalisent sa volonté. Est-ce que ceux qui attendent sa bonté à l'aube sont-ils ceux qui étudient la Torah la nuit, devenant les associés de la Shékhinah ? En effet il est dit dans le Psaume 42/9: "Puisse l’Eternel chaque jour mettre sa grâce en œuvre! Que la nuit un cantique en son honneur soit sur mes lèvres, ma prière au Dieu vivant!" et la bonté divine couvre pendant la journée celui qui a étudié la Torah toute la nuit. Et D. prend plaisir dans toute créature qui le craint, en fait, il apaise qui le craint, comme un ami. Ici on a amené Joseph en toute hâte (wayérizouhou), on l'apaisé quand il était triste, par des mots qui réchauffent le cœur et qui font oublier la noirceur de la prison.

Joseph a été jeté dans un puits et c'est depuis le puits qu'il s'est élevé. Rabbi Shiméon dit: avant qu'il n'ait résisté à la séduction de la femme de Poutiphar, Joseph n'était pas appelé Tsadiq (Juste), et c'est après le test de pureté de l'alliance qu'il fut appelé Juste. Tiré du puits il fut couronné par la source des eaux vives.

Albert Soued

le 12 juin 2011

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