INITIATION AU ZOHAR ou LIVRE DE LA SPLENDEUR

 

Paix et Guerre selon le Zohar - 5

Résumé & conclusions

 

Par Albert Soued, écrivain, http://symbole.chez.com

Cours et conférences à http://symbole.chez.com/conf.htm

14/12/09

 

La paix "shalom" est citée 237 fois dans le Tanakh, et 13 fois dans la Genèse, avec une première occurrence dans Genèse 26/29 où Abimelekh cherche à vivre en paix avec Isaac après l'épisode du creusement des puits d'eaux vives dénommés "consternation" (é'sseq), "hostilité" (sithnah) et "élargissement"(réh'ovot), contestés par les bergers d'Abimelekh. Le dernier puits creusé s'appelle "Beer Shévaa'". L'affaire est réglée par un pacte, un serment d'amitié et un festin.

La guerre "milh'amah" est citée 316 fois avec deux occurrences dans la Genèse, la première étant dans Genèse 14/2 où, au temps d'Avram, il y eut la guerre des 7 rois, au bord de la mer Morte. C'est à cette époque que Loth, le neveu d'Avram fut enlevé de Sdom avec ses biens et ses femmes par les rois vainqueurs. Avec 318 serviteurs, enfants de sa maison, Avram réussit à le libérer.

Selon la Tradition, 3 mots sont en rapport avec la paix:

- La colombe qui apparaît après le Déluge pour annoncer la paix de D. avec la terre et les rescapés de l'humanité. En s'envolant. la colombe a aussi le sens d'éviter les querelles,

- La rivière coule en s'adaptant au terrain, faisant des méandres pour éviter les écueils. Contourner les difficultés par la diplomatie est une manière d'avoir la paix. Rêver d'une rivière est un présage de paix.

- La marmite est l'intermédiaire entre le feu qui chauffe et l'eau contenue. Trouver

l'équilibre entre la droite et la gauche, entre la miséricorde et la rigueur est une manière de parvenir à la paix dans toute négociation.

 

L'état de paix est éphémère et se conquiert en permanence

 

La Dualité

A partir du 2, la division, la séparation, les antagonismes et le Mal s'introduisent.

C'est le 2ème Jour de la Création, celui de la séparation des eaux, que le Mal s'est introduit subrepticement créant l'Enfer et les démons.

Les dualités sont des sources de déséquilibre et de conflit: haut et bas, gauche et droite

Au 3ème jour apparaissent les possibilités d'équilibre: Grâce et Miséricorde rencontrent Rigueur et Jugement dans la Beauté du Centre ou le Fondement du Juste (cf Arbre de Vie)

Le cadet provoque souvent une tension par rapport à l'aîné, le second par rapport au premier, de même que toute séparation ou division. Il est important de dépasser la violence que cette tension peut entraîner et de la diluer dans la miséricorde et l'amour.

Il faut aller parfois jusqu'au mensonge pour dissiper un malentendu ou atténuer une jalousie. Il faut surtout savoir pardonner.

 

La saine querelle

La discussion sans fin est privilégiée par le Zohar, notamment au moment des repas (leh'em milh'amah, le pain de la guerre). De même la saine querelle.

Une querelle saine dans l'intérêt du Ciel persiste toujours. Querelle d'idées ou d'opinion elle ne dégénère pas en une lutte pour le pouvoir et l'élimination de l'autre. Parce qu'alors, si c'était le cas, il n'y aurait plus de querelle. C'est pourquoi on dit qu'une querelle qui n'est pas dans un intérêt supérieur ne dure pas…

L'étude de la Torah à deux comme cela est recommandé par les Sages mène fatalement à cette saine querelle. Deux maîtres n'ayant pas les mêmes interprétations et se querellant en permanence sont célèbres, Hillel et Shamay (peut-être l'origine du verbe se chamailler).

La bataille de la Torah est une bataille de paix et d'amour, alors que les autres batailles impliquent des destructions et des malheurs.

On doit interpréter avec amour chaque mot de la Torah, car il contient toujours une allusion au nom divin, pas un mot qui ne contienne des mystères, des liens, des branches, des racines. En fait le "livre des guerres du Seigneur", c'est la Torah. Car celui qui s'engage dans sa lecture, s'engage dans une bataille, se battant pour pénétrer ses mystères, mais y trouvant une paix merveilleuse au bout.

 

Dissuader l'agresseur

Dans la paix et la guerre, il faut distinguer le plan individuel et familial du groupe, société ou peuple. Dans tous les cas, il faut faire attention aux failles, aux points faibles qu'un agresseur aura vite fait de déceler pour attaquer à ce niveau. Il faut dissuader cet agresseur qu'il soit Satan, le mauvais penchant ou un peuple agresseur.

A Satan, il faut donner sa part pour l'occuper; on évite ainsi tout jusqu'auboutisme et absolutisme, on accepte l'humain et on apprend à connaître ses faiblesses.

Pour lutter contre le mauvais penchant, il faut parfois biaiser, dévier de sa trajectoire; mais il faut savoir aussi qu'il s'agit d'une lutte constante, la Mal étant tapi à la porte.

Face à une agression, il ne faut pas laisser son flanc à découvert, mais en même temps il faut faire miroiter la douceur de la paix.

 

Se connaître

Jacob a fait la paix avec son frère Esaü, Joseph avec ses frères. Savoir faire la paix dans sa famille, facilite le processus de paix avec l'autre, mais cela commence par la paix avec soi-même.

Un homme frustré est une source de conflit. Un roi qui se sent diminué comme Balaq en veut à la terre entière, et, en particulier à son voisin qu'il veut détruire par touis les moyens.

Séparer le grain de l'ivraie en soi, c'est mieux se connaître pour une paix intérieure. Pour avoir la paix avec soi et les autres, il faut savoir maîtriser son mauvais penchant.

Dans tous les cas, la foi en soi et dans le Créateur est une des meilleures garanties de succès.

Avec des lois morales, ne serait-ce que "les lois noahides" et la crainte de l'Eternel, la paix éphémère se prolongera, en même temps que la vie de l'homme sur terre.

 

Ressources limitées et justice

On se bat pour des ressources limitées d'où la nécessité d'évoluer par l'éducation et le savoir. Transformer l'épée et la hache de guerre en soc de charrue, remplacer la cueillette et la chasse par l'agriculture et l'élevage.

La justice contribue à la paix civile. De même que tenir ses promesses est un gage de paix. La sagesse et la justice permettent de sortir de toute calamité dans la paix; avec l'insouciance et l'égoïsme, on débouche sur la guerre.

La paix peut être obtenue par le dépouillement consenti de sa richesse, par la charité.

Celui qui a de la compassion pour les pauvres apporte ainsi la paix à la Communauté et accroit la bénédiction dans ce monde, il apporte la joie et renforce la place appelée "Justice"…

 

Critique

Toute critique doit être mesurée, qu'elle s'adresse à un membre de la famille, à un groupe ou à une nation, afin d'éviter les querelles et l'agression. D'une façon générale il faut éviter d'ouvrir des brèches et il vaut mieux colmater celles qui sont ouvertes. Dans toute critique, il faut trouver les mots justes et appropriés.

 

Identité et A'maleq

La perte d'identité est une source de conflit aussi bien pour un individu que pour un groupe. Les ennemis d'Israël les plus dangereux proviennent d'un mélange mal assorti. Ils sont aussi appelés A'maleq qui peut se lire "a'm a'leq"="le peuple qui suce le sang de son hôte" (vampire?). A'maleq est un ennemi implacable qu'il ne faut jamais épargner, car il est prêt à vous détruire. Or il ne faut jamais hésiter à abattre un homme qui vient pour vous tuer. "Si quelqu'un vient pour vous tuer, levez-vous plus tôt et tuez-le"

A'maleq est présent dans toutes les générations et D. aura raison de lui à la fin des temps. La Torah décrit ainsi A'maleq : "A cause de lui la terre fut remplie de violence et de haine". La rédemption du monde ne sera complète que lorsqu'A'maleq sera exterminé.

 

L'orgueil

La folie des grandeurs, la connaissance sans conscience peuvent entraîner l'homme à éliminer D. ou à idolâtrer d'autres hommes. De ce fait, elles entraînent la ruine de l'âme et la guerre. Il ne faut pas laisser d'hiatus, de silence entre l'homme et D., car le Mal s'y engouffre aussitôt. A toute impulsion d'en Haut, il faut répondre par une action louable d'amour et de miséricorde.

En toute saison, un son s'élève aux 4 coins du monde et l'Autre Côté se réveille, s'interposant entre les sons et en même temps obscurcissant la lumière qui vient d'en Haut. Pourquoi? Parce la voix d'en Haut ne rencontre pas celle d'en Bas, et le Mal s'insinue dans l'écart. Ce son qui s'insinue est celui de la guerre, celui des forces du Mal.

 

Sexualité

Celui qui garde la pureté du signe de l'Alliance est protégé du mal. Renier le signe saint du Roi, c'est renier le Roi lui-même. Vient ensuite celui qui interrompt le cours de sa semence, celui là détruit l'œuvre divine et contribue au départ du Saint Nom du monde. Ce péché est à l'origine de la guerre, de la famine, de la peste et il empêche la Présence divine (shékhinah) de trouver un lieu de repos dans ce monde.

La circoncision complète (en deux temps) apporte la paix au foyer, car elle évite l'excitation permanente, l'agressivité et la violence, les maladies vénériennes transmissibles.

Donner du plaisir et de la joie à sa femme, notamment quand on est souvent absent pour le travail ou l'étude, c'est répandre la paix dans le foyer et dans le monde.

Pendant l'absence du conjoint, la chasteté est source de paix, l'adultère est source de conflit.

 

Offrande et sacrifice

Le sacrifice rémunératoire est un sacrifice de paix pour les anglo-saxons (peace offering). En hébreu il est appelé "zévah shlamim". Ce sacrifice est en rapport avec le don de soi (léshalem), la perfection puisque la bête sacrifiée doit être sans défaut. Pourquoi la perfection est-elle en rapport avec la paix ? Il faut rapprocher Shalom=paix et Shalem=entier.

Cette offrande rétablit la paix entre le Créateur et sa créature, entre l'homme et son prochain, entre l'individu et sa conscience.

 

La Tradition

Selon la Tradition, la paix n'est pas naturelle, ce n'est ni une donnée de la création, ni une loi de la nature. Elle n'est pas non plus une doctrine morale. Ainsi l'idéologie de rechercher la paix à tout prix, quitte à renoncer à l'emploi de la force ou sacrifier des principes fondamentaux, ne fait pas partie de la Tradition, car menant fatalement à "la guerre et au déshonneur".

Le pacifisme face à l'agression est immoral. Refuser de se défendre et de combattre le Mal, c'est devenir son allié. On fait la guerre sans l'aimer. On recherche la paix parce qu'on l'aime.

La paix est un effort permanent pour diluer les antagonismes, pour résorber les conflits, pour atténuer les contradictions, pour contourner les difficultés dues aux querelles et surmonter les obstacles et les désaccords.

Il faut tendre à l'harmonie en soi et dans la relation avec autrui.

On a comparé la paix au ferment de la pâte qui lève, car elle participe au mouvement dans les progrès d'une société.

 

Les Justes et la Voie du Milieu

Quand un peuple vit en paix avec ses ennemis, on ne lui cherche pas querelle, même s'il ne partage pas la même foi que ses voisins.

Quand on trouve la paix, l'harmonie et la perfection suivent.

L'étude et l'éducation sont des préludes à la paix.

Là où on trouve des Justes, on trouve la paix.

Le Mal est issu de la Rigueur, du Jugement sévère, mais il peut venir aussi d'un excès de Miséricorde. La voie du Milieu, à condition d'apprendre à la repérer, est celle de la Paix et de la beauté de la Vie.

 

Et D. dans tout cela ?

D. n'aime pas la guerre, ni ses symboles, ni son image.

D. est un maître de la guerre, en ce sens qu'il domine toutes les situations conflictuelles et de lui, dépend l'issue du combat. Mais il faut l'aider par des actions individuelles louables et méritantes. Avec la connaissance et la sagesse, l'homme peut maîtriser ses instincts et toutes les batailles extérieures.

En temps opportun, D. mènera une guerre contre les nations idolâtres, comme l'ont écrit les prophètes.

D. est miséricorde, et même dans le jugement et le châtiment, D. agit avec amour.

 

 

Albert Soued

le 14 décembre 2009

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