INITIATION AU BAHIR, LE LIVRE DE LA CLARTE
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L'édition Verdier du Bahir a l'avantage de présenter en annexe un index thématique qui permet l'étude de thèmes en choisissant les "mishnayot" ou paragraphes pouvant être reliés à un thème choisi. Ici nous cherchons à évaluer les thèmes directement tirés du Séfer Yetsirah ou "livre de la formation".
Nous avons sélectionné 5 mishnayot pour
illustrer les liaisons existant entre ces deux livres et traitant
de "téli", dragon céleste ou galaxie et de "galgal",
sphère céleste ou planète. En fait, il s'agit bien des mêmes
notions tirées du Séfer Yetsirah et qui sont commentées ici
d'une manière plus poétique mais toujours aussi secrète. De même
ce qui était physique et métaphysique devient "moral".
Nous allons examiner successivement les
mishnayot 95, 101, 106, 112 et 179.
Le Saint Béni Soit-Il possède un arbre qui
a douze obliques: Est-Nord, Est-Sud, Est-Haut, Est-Bas, Ouest-Sud,
Ouest-Nord, Ouest-Haut, Ouest-Bas, Sud-Haut, Sud-Bas, Nord-haut,
Nord-Bas qui s'étendent à l'infini. Ce sont les bras du monde,
à l'intérieur desquels se trouve l'arbre.
À ces diagonales correspondent les
surveillants au nombre de douze. Et à l'intérieur du "Galgal"
aussi (sphère céleste), il y a douze surveillants. Dans
l'ensemble, avec les diagonales, cela fait trente six
surveillants.
Chacun d'eux a au-dessous de lui, un régent,
comme il est écrit dans Ecclésiaste 5/7: "Si tu
remarques dans le pays l'oppression du pauvre et l'escamotage de
la justice et du droit, ne sois pas trop surpris du fait: c'est
qu'un fonctionnaire élevé est contrôlé par un supérieur et
au dessus d'eux, il y a encore des fonctionnaires"
Il y en a donc neuf du côté Est, neuf du côté
Ouest, neuf du côté Nord et neuf du côté Sud, soit douze,
douze et douze surveillants dans le "Téli" (dragon ou
galaxie), dans le Galgal (sphère ou planète) et dans le "Leb"
(cur humain). Il y a donc trente-six surveillants.
Chacun des trente six surveillants renferme
les autres, car la puissance de chacun d'eux se trouve également
dans les autres. Bien que douze d'entre eux se trouvent dans
chacun des trois, ils sont tous attachés l'un à l'autre. Et
toutes ces trente six puissances se trouvent déjà dans la première
qui est "Téli" (dragon céleste ou galaxie). Si tu les
cherches dans le "Galgal" (sphère céleste ou planète),
tu es sûr de les y retrouver. Lorsque tu chercheras dans le Cur,
là aussi tu les trouveras encore. C'est la raison pour laquelle,
chacun d'eux englobe les trente deux autres, mais tous ensemble
ne sont pas plus de trente six "formes". Tous trouvent
leur achèvement dans le Cur (leb).
Ajoutes à ces trente deux (leb = 32) encore
trente deux, de ces trente six, il reste alors quatre: ce sont
eux qui font soixante quatre "formes".
Et d'où savons-nous qu'il fait ajouter aux
trente deux d'autres trente deux? Parce qu'il est écrit dans
Ecclésiaste 5/7: "
c'est qu'un fonctionnaire élevé
est contrôlé par un supérieur et au dessus d'eux
"
Nous en avons donc soixante quatre. Il nous
manque huit pour parvenir aux 72 noms divins. C'est à quoi fait
allusion la suite du verset cité "
il y a encore
des fonctionnaires"
Ajoutons-y les sept jours de la semaine et
il ne nous manquera plus qu'un. C'est à quoi fait allusion le
verset suivant 5/8: "La terre a des avantages sur tout le
reste: un roi même est dans la dépendance des champs"
Et que signifie le mot "avantage"?
c'est le lieu où la terre fut taillée, et cela présente un
avantage par rapport à ce qui existait avant.
Et quel est cet avantage? Tout ce qui existe
dans le monde, car pour les hommes dignes de son éclat, c'est un
grand "avantage".
Il y a un "emboîtement" d'ordre
hiérarchique entre trois entités qui sont liées entre elles et
qui font partie de la création, la galaxie, la planète et
l'homme, un emboîtement (comme les poupées russes par exemple)
dans l'espace et le temps. Ces entités sont comparées à un
cube dans le Livre de la Formation, un cube qui a 2x6 diagonales
et ici chacune est un "arbre" avec 12 bras qui se déploient
et qui embrassent et protègent le contenu.
La galaxie est l'image de l'espace, la sphère
qui tourne est celle du temps, et le cur qui vibre est
l'image de l'âme. Ce qui est étonnant c'est que le Bahir,
inspiré du Séfer Yetsirah, annonce déjà l'expansion de
l'univers, son élargissement continu (mérah'ev a'd a'dé a'd,
en hébreu dans le texte).
12 + 12 + 12 = 36 & 36 : 4 = 9; 36
4 = 32; 32 x 2 = 64; 64 + 8 = 72;
8 = 7 + 1
Les 36 bras se déploient par 4 séries de 9
aux 4 points cardinaux. Ceci pour nous dire que dans l'univers créé
un même phénomène peut avoir de nombreuses explications (ainsi
par exemple, la lumière est à la fois particules et ondes).
Dans ce développement il faut savoir que le
mot "accompagner" se dit l/w, de valeur numérique 36
et que le cur, centre de l'univers, a comme valeur numérique
32 (l/b en hébreu). La colonne centrale, qui est comme le tronc
de l'arbre reliant la terre au ciel, traverse et accompagne le cur.
Le cur est au centre, sur la colonne de l'équilibre de
l'Arbre de Vie, qui fait la balance entre la droite de la miséricorde
(h'essed = 72) et la gauche de la rigueur (din = 64).
Il y a aussi une notion de politique et de
morale: la hiérarchie et la superposition des pouvoirs est
l'ordre naturel des choses, et il semble qu'il soit le moins
mauvais des systèmes, applicable aussi à l'organisation humaine.
Mais le tout doit aboutir à une unité.
Le verset 4/8 de l'Ecclésiaste fait référence
à la valeur ajoutée ou au surplus qui fait la différence. Le
monde a été créé grâce à cet "avantage" entre
deux entités opposées qui s'éliminent l'une l'autre (par exemple
la matière et l'antimatière). Le monde n'existe aussi que par
la plus-value que chacun peut apporter chacun à sa manière.
Le texte fait également référence au fait
que même dans un système hiérarchisé, celui qui est à la tête
dépend de sa survie du plus humble, du plus bas. Sur le plan métaphysique,
D. dépend aussi de l'homme, comme l'homme dépend de D.
Rabbi Berekhyah demanda ce que signifie
"loulab" (comme test).
Ils répondirent (ses élèves répètent):
"Ajoute au "cur" trente six. Comment cela?
Il leur dit: il y a trois princes "Téli"
(dragon céleste ou galaxie), "Galgal" (sphère céleste
ou planète) et le Cur (être humain). Chacun d'eux a douze
surveillants qui multipliés par trois font trente six. C'est grâce
à eux que le monde subsiste, ainsi qu'il est écrit dans
Proverbes 10/25: "Une bourrasque a passé et le méchant
n'est plus; mais le juste est fondé pour l'éternité"
Loulab est un ensemble qu'on agite avec le cédrat
(étrog) lors de la fête des Tentes ou Soukot. Il est constitué
de 3 espèces. Loulab s'écrit l/w-l/b, soit "accompagner le
cur" et numériquement c'est 36-32. Or 36 + 32 = 78
valeur de la Vie ou H'ayim en hébreu. Cette mishnah fait référence
aux anges qui ont accompagné la vie humaine lors de sa création,
ainsi qu'aux Justes grâce auxquels le monde subsiste.
Nous sommes sur la colonne centrale de
l'Arbre de Vie entre le Fondement Yésod et la Beauté du Cur
ou Tifeéret (voir le développement sur
l'Arbre de Vie).
Rabbi Bérekhyah se demandait: Que signifie
"Téli"?
C'est une "Démout" (ressemblance)
qui se trouve devant le saint Béni Soit-Il, comme il est écrit
dans Cantique des Cantiques 5/11: "Sa tête est comme
l'or pur, les boucles de ses cheveux qui pendent soit noires
comme le corbeau"
Et qu'est-ce que le "galgal" (sphère
céleste ou planète)? C'est le "ventre".
Et qu'est-ce que le Cur? C'est ce dont
parle le verset Deutéronome 4/11: "Vous vous approchâtes
alors, et vous fîtes halte au pied de la montagne; et la
montagne était embrasée de feux qui s'élevaient jusqu'au
cur du ciel, et voilée de nuages et de
brume". Dans lesquels sont contenus les trente deux
sentiers merveilleusement cachés de la sagesse ou H'okhmah.
Aussi étonnant que cela puisse paraître,
dans le Séfer Yetsirah et le Bahir on comparaît déjà la
galaxie à une boucle de cheveux en spirale
, la planète à
une rondeur qui gargouille, le Cur à l'âme qui fait
vibrer le monde. Grâce au schéma de l'Arbre de Vie, on peut
appréhender l'univers créé d'une façon lucide et positive.
Les sentiers secrets sont tout simplement les 10 repères de
l'Arbre de Vie ou attributs divins ou séfirot, et les 22 lettres
de l'Alphabet hébreu, bases de l'univers créé.
Et voici les Noms ineffables, précieux et
magnifiques qui sont au nombre de douze correspondant aux douze
tribus d'Israël (noms omis ici). Ils sont tous contenus dans le
"Leb" ou Cur des cieux et ils se répartissent en
vingt quatre noms. En eux sont contenus le principe mâle et le
principe femelle, et ils sont surveillants dans le "Téli"
(dragon céleste ou galaxie), dans le Galgal (sphère céleste ou
planète) et dans le Cur (de l'homme). Ce sont les sources
de la Sagesse.
Ici on est devant la manifestation divine à
travers les Noms et leur rapport à la création notamment l'être
humain conscient et moral; et à travers les sentiers de la
Sagesse cités ci-dessus (notamment les dix paroles ou les dix
attributs divins) et dont la source est unique et cachée.
Il enseigna "il y a dix galgalim (sphères)
et il y a dix paroles". Chaque sphère a sa parole, non dans
le sens qu'elle tourne en elle, mais elle l'entoure. Le monde
d'ici bas est comme un pépin de moutarde dans un anneau.
Pourquoi cela ?
À cause du vent qui souffle, et c'est grâce
à cela qu'il subsiste. Si le vent cessait de souffler, ne serait-ce
que pendant une heure ou un moment, le monde serait détruit.
Qui dit cercle ou sphère peut signifier un
enfermement dans un éternel retour. Ici on précise que la
parole entoure ce qui est créé, l'enveloppe pour le protéger.
Le monde créé n'existe que par le souffle divin qui entretient
le mouvement de rotation ou d'expansion, sans lequel l'univers créé
serait détruit
Là aussi, on est émerveillé devant la précocité
de cette relation dans un livre ancien, signe d'une sagesse millénaire.
Albert Soued
22 septembre 2002
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